La corruption étouffe l’éducation malienne
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La corruption étouffe l’éducation malienne

Dans les salles de classe comme dans les bureaux, la corruption étouffe l’éducation malienne et brise les rêves d’une génération sous mille et une formes.

Au Mali, le secteur de l’éducation est gravement affecté par la mauvaise gestion des fonds publics, avec des détournements, des surfacturations et la passation de marchés truqués qui privent les écoles des ressources nécessaires. Le Bureau du vérificateur général (BVG) a révélé dans son rapport 2023 des irrégularités financières dans ce secteur, estimées à plus de 19 milliards de francs CFA, couvrant la période 2017-2022. Ces malversations concernent aussi bien les subventions de l’État que les établissements éducatifs privés.

Une solution concrète serait d’Instaurer la publication en ligne des dépenses éducatives, à l’image de l’Open Data Initiative du Kenya, couplée à des audits indépendants et à l’implication des parents d’élèves – pour garantir une traçabilité totale des fonds et réduire les risques de détournement avant leur arrivée dans les écoles. 

La fraude aux examens

La fraude aux examens au Mali est un fléau majeur qui mine la crédibilité du système éducatif. Les sujets d’examen circulent parfois avant l’épreuve, y compris sur les réseaux sociaux, et les notes peuvent être falsifiées ou achetées. En 2025, un scandale a éclaté autour de la falsification des notes lors de l’examen du Diplôme d’études fondamentales (DEF), avec plus de 200 candidats favorisés indûment par des réseaux organisés impliquant des enseignants et des conseillers d’orientation. Cette fraude organisée compromet la valeur des diplômes et engendre la prolifération des faux diplômes, fragilisant ainsi la confiance dans les certificats scolaires et universitaires.

Pour lutter contre ce fléau, des organismes comme l’Unesco et le PNUD recommandent la numérisation des copies d’examen et leur correction anonyme. Ce système, déjà expérimenté avec succès au Maroc pour le baccalauréat, permet de réduire considérablement les risques de fraude.

Au Mali, le favoritisme et le clientélisme dans le secteur éducatif représentent un obstacle majeur à l’équité et à la méritocratie. L’accès aux bourses, aux postes de responsabilité et même aux affectations scolaires est fréquemment influencé par des relations personnelles, des affiliations politiques ou des réseaux de clientèle, au détriment des élèves méritants issus de familles modestes. Cette situation amplifie les inégalités sociales et mine la confiance dans le système éducatif.

Une plateforme en ligne transparente, associée à une culture de dénonciation du favoritisme via des canaux sécurisés et anonymes, contribuerait à limiter les dérives et à rétablir la confiance des étudiants et de leurs familles.

L’absentéisme des enseignants

Au Mali, l’absentéisme des enseignants est reconnu comme un problème chronique, particulièrement marqué dans les zones rurales et au Nord, où l’insécurité aggrave la situation. À Ménaka, plus de 140 écoles sont fermées, et à Kidal, 63 % des établissements restent inactifs, privant des dizaines de milliers d’enfants d’éducation. Malgré les mesures prises en 2025, comme la suspension des salaires pour abandon de poste, le retour à la normale demeure difficile en raison de la crise sécuritaire et des résistances syndicales.

Dans l’enseignement supérieur, ce phénomène prend une autre forme : certains professeurs délaissent leurs cours et les confient entièrement à des assistants, souvent mal préparés, ce qui dégrade la qualité des formations universitaires.

Pour y remédier, l’instauration d’un système de pointage électronique ou biométrique, combinée à des primes de performance pour les enseignants assidus et à des inspections inopinées, apparaît comme une solution concrète pour réduire l’absentéisme et améliorer durablement la qualité de l’éducation.

Cette liste n’est pas exhaustive. À l’université, certaines étudiantes dénoncent une autre forme de corruption : des notes obtenues en échange de faveurs sexuelles. S’y ajoutent les recrutements frauduleux, la présence d’enseignants fictifs, le monnayage des stages et mémoires ou encore la falsification de documents académiques. Autant de dérives qui affaiblissent l’éducation au Mali.

Si ces pratiques prennent des visages multiples, leur véritable moteur reste l’impunité. La sortie de crise passe par des outils solides de transparence et des mécanismes de sanction rigoureux, indispensables pour préserver l’intégrité du système et restaurer la confiance des citoyens.

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