Face à l’insécurité alimentaire, renforcer les initiatives communautaires au Sahel
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Face à l’insécurité alimentaire, renforcer les initiatives communautaires au Sahel

La Déclaration de Dakar +10 est un appel des pays du Sahel réaffirmant leur engagement à relancer durablement l’irrigation pour atteindre un million d’hectares d’ici 2035.

Aujourd’hui, le manque de précipitations régulières et les changements climatiques rendent compliqué le développement économique. La région sahélienne est frappée de plein fouet par des conflits armés qui entrainent des déplacements forcés de populations. A cela, s’ajoutent les crises alimentaires.

Opportunité durable 

« Il faut aller de l’avant, d’une part, et aller plus loin et plus vite, d’autre part » dans la lutte contre l’insécurité alimentaire, indiquait en 2022 la Banque mondiale. Il est de plus en plus difficile, pour les populations locales, de continuer de vivre cette crise prolongée d’insécurité alimentaire qui affecte plus de 7 millions d’individus.

C’est pourquoi, les initiatives communautaires doivent être renforcées et accompagnées par les autorités des États du Sahel central (Burkina Faso, Mali, Niger) en termes d’accès à l’eau, aux intrants, aux matériels agricoles et aux renforcements des capacités afin d’augmenter les rendements agricoles et créer des emplois pour les jeunes et les femmes. Pour Baba Lamine, agriculteur, « financer les initiatives locales, c’est soutenir les chaines de valeur agro-alimentaires locales tout en réduisant l’insécurité alimentaire ».

La solidarité et l’engagement communautaires sont des leviers puissants pour faciliter la mise en place des centres d’apprentissage sur les méthodes, comme les microdoses et l’utilisation efficace et efficiente des engrais.

Ces approches permettent d’accroitre les rendements et les revenus, tout en améliorant la sécurité alimentaire des communautés affectées par des crises humanitaires successives. « Nous qui vivons sur le fleuve, nous cultivons la pomme de terre, l’oignon, les salades, les patates, etc. Mais depuis l’avènement des ONG avec l’assistance qu’ils font, c’était l’arrêt de mort des nombreuses exploitations agricoles », témoigne un cultivateur. 

Enjeu crucial

Les assistances humanitaires d’envergure dans tout le Sahel n’arrivaient pas à couvrir les besoins des populations à long terme et, par la suite, ont affaibli les créativités locales. « L’État et ses partenaires appuyaient les initiatives de développement locales à travers des aménagements hydro-agricoles au niveau des lacs et des mares et les populations n’avaient pas besoin d’assistance alimentaire », rappelle Mahamane Sidi, ancien membre d’une coopérative agricole. Aujourd’hui, la situation s’est renversée.

Les autorités doivent entreprendre des actions concrètes pour sortir de cette situation tout en mettant des moyens dans de projets conduits par les communautés afin d’assurer leur autosuffisance alimentaire. « Depuis 2013, explique un commerçant, les assistances humanitaires ont remplacé les cultures. Peu des gens cultivent.»

Cette insécurité alimentaire croissante constitue une menace à long terme pour les populations déjà fragilisées par des conflits armés, des dérèglements climatiques, et des conditions de vies très difficiles.

Les partenaires techniques et financiers et les autorités des pays du Sahel doivent être plus que jamais résolus à mobiliser des moyens financiers pour investir dans les initiatives de développement locales afin de lutter contre l’insécurité alimentaire. La réalisation de l’autosuffisance alimentaire est possible à travers un renforcement des compétences en techniques agricoles innovantes des communautés, la gestion durable des ressources naturelles, le renforcement de l’agriculture résiliente au climat, des semences améliorées et les aménagements de plaines et petites surfaces.

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