Dans un Mali en proie à des défis sociopolitiques, les deepfakes, ces contenus manipulés par intelligence artificielle, émergent comme un danger pour la transparence et la cohésion sociale. Tidiane Togola, directeur de Tuwindi, une organisation qui promeut les technologies pour le développement, analyse les risques et propose des solutions pour un numérique plus sûr.
Quels risques les deepfakes font peser sur la transparence des élections au Mali ?
Ils sont une menace sérieuse. Une fausse vidéo d’un candidat tenant des propos controversés pourrait manipuler les électeurs ou ruiner une campagne. Pour protéger les élections, il faut des systèmes de vérification rapide des contenus, former les acteurs électoraux à repérer les manipulations et sensibiliser le public aux risques de désinformation pendant les scrutins. Collaborer avec les plateformes numériques pour limiter la diffusion de contenus problématiques est aussi essentiel.
Comment réguler l’IA générative sans freiner l’innovation ?
Un cadre juridique clair est impératif. Il doit sanctionner la création et la diffusion malveillante de deepfakes tout en préservant les usages positifs de l’IA. Cela passe par des mécanismes de traçabilité pour identifier les responsables et des sanctions proportionnées pour dissuader les abus. En parallèle, une régulation participative, réunissant secteurs public, privé et civil, permettrait de définir des normes éthiques adaptées à notre contexte.
Envisagez-vous des collaborations régionales pour lutter contre la désinformation par deepfake ?
Les deepfakes ignorent les frontières, et une coopération régionale est cruciale. Nous pourrions établir des partenariats avec des experts du Burkina Faso, du Niger ou d’autres pays sahéliens pour partager outils, bonnes pratiques et stratégies de sensibilisation. Des forums ou consortiums régionaux pourraient coordonner ces efforts, notamment en formation, recherche et plaidoyer pour des régulations harmonisées.
Comment voyez-vous l’impact des deepfakes sur l’avenir du Mali numérique d’ici 5 à 10 ans ?
Si nous n’agissons pas, les deepfakes deviendront une menace majeure. Mais ils offrent aussi des opportunités, comme dans l’éducation, la santé, l’agriculture ou le divertissement, où l’IA peut être utilisée positivement. Pour transformer ce défi en atout, il faut investir dans des technologies de détection avancées et former une génération de citoyens numériquement conscients et résilients.