Energie solaire : une alternative qui gagne du terrain
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Energie solaire : une alternative qui gagne du terrain

L’énergie solaire, longtemps perçue comme une solution marginale, s’impose aujourd’hui comme un levier incontournable pour répondre aux besoins croissants d’une population en quête d’autonomie énergétique.

Avec près de 60 % des Maliens vivant encore sans accès à l’électricité, le solaire pourrait bien transformer durablement le quotidien des ménages et des petites entreprises. Le Mali figure parmi les pays les moins électrifiés au monde. Selon les données de la Direction nationale de l’énergie, seulement 33 % des Maliens avaient accès à l’électricité en 2023.

Les disparités sont criantes : 77 % des habitants des zones urbaines bénéficient de l’électricité, contre 15 % dans les zones rurales. Dans ce contexte, le réseau électrique national reste fragile, souvent perturbé par des pannes fréquentes et des coûts élevés.

Potentiel énergétique considérable

Face à cette situation, le solaire se présente comme une alternative prometteuse. Le Mali bénéficie d’un potentiel énergétique considérable et encore largement inexploité, traversé par les fleuves Niger (1 700 km) et Sénégal (800 km).

Selon un document officiel (2019), dénommé Prospectus d’investissement de l’énergie durable pour tous SEforAll du Mali, le potentiel hydroélectrique identifié est estimé à « 1 150 MW dont 840 MW » encore disponibles. « Avec une irradiation solaire très importante (5 à 7 kWh/m2/j) bien répartie sur le territoire, le potentiel photovoltaïque est lui aussi considérable avec une durée d’ensoleillement d’environ 10 heures par jour », indique le même document.

A cela s’ajoute également de nombreux autres secteurs prometteurs, parmi lesquels les cultures énergétiques ou la production d’énergie à partir des déchets agricoles et végétaux.

« Le Mali a tout pour devenir un leader africain dans le domaine de l’énergie solaire. Cependant, cela nécessite une volonté politique forte et des investissements stratégiques pour surmonter les obstacles structurels », affirme Dr Moussa Traoré, formateur en énergies renouvelables dans un centre de formation professionnel à Ségou.

Un impact tangible

Depuis quelques années, les panneaux et les kits solaires domestiques ont commencé à se démocratiser dans tout le pays. Ces solutions permettent d’alimenter des lampes LED, des téléphones portables, des ventilateurs et même des petits appareils électroménagers.

Pour les ménages ruraux, qui représentent plus 70 % de la population, ces technologies changent littéralement la donne. « Avant, on utilisait des lampes à kérosène, dangereuses et coûteuses. Maintenant, grâce à mon kit solaire, j’ai de la lumière toute la nuit et je peux recharger mon téléphone », témoigne Fatoumata Diarra, enseignante à Koulikoro.

Les petites et moyennes entreprises (PME) ne sont pas en reste. Les ateliers de couture, les boutiques de transformation alimentaire et les cybercafés commencent à adopter des systèmes solaires pour réduire leurs dépenses énergétiques. A Bamako, plusieurs artisans utilisent désormais des machines alimentées par des batteries solaires. « Cela me permet de travailler plus longtemps et de manière plus rentable », explique Aliou Koné, propriétaire d’un atelier de menuiserie équipé d’un système solaire autonome.

Si les solutions solaires présentent des avantages indéniables, leur adoption n’est pas sans défis. Le coût initial des installations peut être prohibitif pour de nombreuses familles. Un kit solaire de base coûte entre 50 000 et 100 000 FCFA (environ 80 à 160 euros), tandis qu’un système plus avancé peut dépasser les 500 000 FCFA (800 euros).

« Pay-as-you-go »

Cependant, des initiatives innovantes émergent pour rendre ces technologies accessibles. Des entreprises privées proposent des modèles de paiement fractionné « pay-as-you-go », permettant aux consommateurs de payer leurs équipements en plusieurs mensualités. « Nous avons compris que la clé pour toucher un public plus large était de rendre nos produits financièrement accessibles », souligne Amadou Sow, vendeur des accessoires de l’énergie solaire à Kati.

Le gouvernement, avec le soutien de ses partenaires internationaux, met en place des réformes et des cadres de coordination pour accompagner cette transition énergétique. En parallèle, des partenariats public-privé (PPP) sont déployés pour mobiliser des ressources et accélérer la réalisation d’infrastructures stratégiques.

Le projet de construction de la centrale solaire photovoltaïque de Sanankoroba, près de Bamako, en est une parfaite illustration. Avec une capacité de 200 MW, elle devrait permettre d’augmenter la production d’électricité de 10%, réduisant considérablement la pénurie d’électricité actuelle dans le pays. Dans la même lancée, les travaux de construction d’une seconde centrale ont démarré le 1er juin 2024, à Tiakadougou-Dialakoro, à quelques kilomètres de Sélingué.

Malgré ces avancées, plusieurs obstacles subsistent. La faiblesse des infrastructures de maintenance et la pénurie de compétences techniques locales freinent l’adoption massive des solutions solaires au Mali. De plus, la concurrence déloyale avec les produits bon marché, souvent de mauvaise qualité, risque de discréditer l’industrie solaire locale. « Il est essentiel de renforcer la réglementation et de promouvoir des certifications pour garantir la qualité des équipements », insiste Awa Keïta, cheffe d’un centre d’installation des panneaux solaires à Bamako.

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