Épargne et budget familial : un levier pour garantir la stabilité financière
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Épargne et budget familial : un levier pour garantir la stabilité financière

Dans un Mali confronté à des crises économiques et climatiques, l’épargne et la gestion rigoureuse du budget familial émergent comme des outils essentiels pour assurer la stabilité financière des ménages.

Dans un pays comme le Mali, où les ressources sont souvent limitées et les incertitudes économiques récurrentes, une bonne gestion du budget familial est plus que jamais une nécessité. Épargner et planifier ses dépenses permet non seulement de mieux affronter les imprévus, mais aussi de construire progressivement une stabilité économique durable.

Pourtant, cette pratique reste encore marginale dans plusieurs foyers, malgré son efficacité reconnue. Il s’agit de recenser avec précision toutes les sources de revenus (salaires, agriculture, transferts, petits commerces, etc.) et de répartir les dépenses en catégories clés : alimentation, santé, logement, éducation, transport, entre autres.

La discipline financière mise à rude épreuve

De nos jours, marqués par des défis budgétaires croissants, une insécurité alimentaire persistante et des chocs climatiques répétés, la gestion rigoureuse des finances familiales devient une nécessité vitale. Chaque citoyen, peu importe ses revenus, peut mettre en place des mécanismes simples pour stabiliser et sécuriser son économie.

Seydou Coulibaly, aujourd’hui sergent-chef de la police nationale, en est un bon exemple : « Avant de rejoindre la police, je travaillais comme agent de sécurité dans une société privée. Avec un salaire mensuel de 40 000 F CFA, je parvenais à épargner 20 000 F CFA chaque mois sur un compte Orange Money. Cette discipline m’a permis de financer une formation qui m’a ouvert les portes de la fonction publique ».

D’un autre côté, Oumar Cissé, salarié dans une banque de la place, raconte son expérience après avoir vécu deux mois de chômage technique inattendu : « Je gagnais plus de 300 000 F CFA par mois, mais je n’avais pas anticipé les imprévus. Depuis cette épreuve, j’élabore un budget dès le début du mois. Je distingue mes dépenses essentielles (santé, éducation, alimentation, transport) de celles non urgentes comme les loisirs, ce qui me permet d’économiser environ 50 000 F CFA par mois ».

Des solutions accessibles

Moustapha Barry, expert en éducation financière, lors d’une formation, a indiqué que la planification budgétaire ne demande pas de grands moyens, mais une volonté ferme : « Il suffit de noter ses recettes et ses dépenses, de fixer des objectifs d’épargne, de séparer les fonds destinés à l’épargne, et de faire des choix de consommation judicieux, comme l’achat direct chez les producteurs ou la planification des achats pour éviter les dépenses impulsives ». Selon lui, la discipline financière à l’échelle familiale, même modeste, constitue un rempart contre les chocs économiques et sociaux. Dans un pays où l’informel domine, elle apparaît comme l’un des moyens les plus accessibles pour garantir un avenir plus stable et sécurisé, a-t-il confirmé.

Cependant, tout le monde n’a pas cette rigueur financière. Abdoulaye Doucouré, commerçant au marché de Dabanani, se souvient amèrement de ses années de succès mal gérés : « Je faisais plus de 400 000 F CFA de bénéfices par mois. Je changeais de véhicule chaque année et je menais une vie incomprise. Puis est venue la crise de 2020, et je me suis retrouvé ruiné ».

Une vendeuse de fruits, entre Kalaban-Coura et Guarantiguibougou, partage une expérience similaire : « Je mettais de l’argent dans une caisse cachée dans ma chambre pendant à peu près trois ans, je pouvais y mettre 1 000 F ou 2 000 F chaque jour, mais un jour, elle a disparu alors qu’elle était destinée à mon fils aîné pour un projet ». Si l’épargne permet aussi de préparer des projets à long terme, ce genre de situation peut décourager, a-t-elle informé.

Selon Moustapha Barry, ces cas traduisent un réel besoin d’information et de formation, raison pour laquelle l’État doit renforcer l’enseignement de l’éducation financière, dès l’école, et multiplier les campagnes de sensibilisation. « Ce n’est pas une option, c’est une urgence », a-t-il laissé entendre.

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