#NeTuonsPasNosFleuves : production et vente d’eau en sachets, un business à encadrer
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#NeTuonsPasNosFleuves : production et vente d’eau en sachets, un business à encadrer

La production d’eau en sachets, destinée à la vente, est un business à encadrer davantage. Il a tellement prospéré qu’il échappe au contrôle des autorités. La qualité de l’eau contenue dans ces sachets est sujette à caution.

Nous sommes à bord d’une sotrama. Le soleil ardent s’invite à l’intérieur du véhicule en cette journée particulière de la période hivernale. La chaleur est telle que les passagers ont du mal à respirer. En route pour le grand marché de Bamako, certains, arrivés à destination, font signe à l’apprenti qui frappe le véhicule pour alerter le chauffeur. Avant que la sotrama ne reprenne la route, il est envahi de jeunes vendeurs et vendeuses de sachets d’eaux glacées.

Beaucoup parmi les passagers en achètent pour étancher leur soif. A notre arrivée au grand marché, on les aperçoit encore partout. Un récipient posé sur la tête, ces jeunes vont et viennent entre les voitures, se baladent devant les magasins, se font accostés par les passants. La vente de sachets d’eau en plastique est un business non négligeable.

Eau du robinet

Captivant de par leur présentation, avec leur emballage sur lesquels on peut lire des slogans qui rassurent et des marques inconnus (Dji souman, eau minérale naturelle, Si belle, la source, etc.), les sachets d’eau sont très prisés à Bamako et dans d’autres localités du Mali. Dans les rues, les marchés, lors des manifestations (concerts, mariages, cérémonies de baptêmes, d’anniversaire…), ces produits, à 25 francs ou 50 francs CFA, se vendent comme des petits pains. Avec un ou deux sachets, on n’a plus soif.

Aminata, une vendeuse rencontrée au grand marché, explique qu’elle s’approvisionne chaque matin chez sa patronne en commune II du district de Bamako. « Je ne participe pas à la mise en sachet. Je ne suis qu’une vendeuse », témoigne-t-elle. En revanche, l’adolescente ajoute qu’il lui arrive parfois de voir le processus de fabrication. « A notre descente, le soir, on voit souvent comment cela se passe. Il y a des jeunes qui sont chargés de découper les sachets à l’aide d’une grosse machine. Ils les stockent ensuite dans des emballages par tranche de 20 ou 40, selon le type de sachet ». A la question de savoir d’où vient cette eau, elle répond qu’ils travaillent à l’aide d’un robinet.

Qualité sujette à caution

La qualité de l’eau contenue dans ces sachets laisse à désirer. Selon la directrice du Laboratoire national des eaux, Mme Farmata Yaro, la plupart de ceux qui fabriquent ces sachets d’eau ne sont ni autorisés à le faire, encore moins à les distribuer. L’Agence nationale de la sécurité sanitaire des aliments (Anssa), pour sa part, explique que le contrôle est devenu difficile, car le marché a tellement proliféré qu’il n’est plus facilement maitrisable.

Une étude intitulée L’évaluation de la qualité sanitaire des eaux en sachets plastiques dans le District de Bamako (2019), la seule à ce jour au Mali, sur la situation des eaux en sachets plastiques, note que 93,67% des fabricants utilisent l’eau fournie par la Société malienne de gestion de l’eau potable (Somagep), 5,71% utilisent les eaux de forage et 1,26% utilisent à la fois l’eau de la Somagep et de forage.

En guise de traitement, ils utilisent la filtration, à l’exception de seulement 2% qui ont recours au traitement chimique. La qualité de l’eau, selon ces spécialistes, n’est pas garantie.

Aller vers une interdiction ?

Selon Mme Farmata Yaro, toute unité désireuse de produire de l’eau destinée à la commercialisation est obligée de se rendre au Laboratoire national des eaux, avec des échantillons pour vérification afin de s’assurer que les sachets d’eau qui seront produits et commercialisés sont irréprochables en termes de qualité.

Bourama Guindo, un consommateur convaincu du fait que plus de 80% des unités du domaine ne respecteront pas le processus, soutient mordicus qu’il faudrait simplement interdire ces sachets d’eau. Son ami Ali Diarra n’est pas de cet avis : « Les gens souffrent dans ce pays. Ils se débrouillent comme ils peuvent. Au lieu de l’interdiction, je pense que les autorités peuvent mettre l’accent sur la sensibilisation afin que les gens du domaine fassent preuve de responsabilité en ce qui concerne l’hygiène de l’eau dans ces plastiques », propose-t-il.

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