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M5-RFP : les femmes moins visibles mais déterminées

Les femmes sont moins visibles dans les centres de décision du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) et n’ont pas voix au chapitre. Pourtant, elles semblent aussi déterminées, écrit notre blogueur Ib Togola, qui est allé à leur rencontre.

Les femmes sont moins visibles dans la contestation menée par le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP). À l’exception de Mme Sy Kadiatou Sow, ancienne gouverneure du district de Bamako et ancienne ministre des Affaires étrangères, le directoire du mouvement est exclusivement composés d’hommes. L’autorité morale du mouvement n’est autre que Mahmoud Dicko, imam d’obédience wahhabite et décrit comme un conservateur connu pour avoir obtenu, en 2009 à travers une grande mobilisation, la relecture du Code de la famille et des personnes pourtant salué à l’époque comme une avancée dans la promotion des droits des femmes.

L’ancienne militante du parti Adema-PASJ, Sy Kadiatou Sow, a rejoint le M5-RFP le 11 juin dernier au nom de la plateforme Anw ko Mali dron dont elle est la présidente. Lors de la manifestation du 10 juillet, c’est elle qui a lu « les 10 commandements de la désobéissance civile », faisant office de feuille de route de l’application pratique de la contestation en cours.

Sous-représentativité

Pour nombre de femmes observant la contestation en cours, bien que siégeant au comité stratégique du mouvement, Sy Kadiatou Sow n’y représente aucune femme. « Son militantisme est à son nom propre, même s’il arrive que certaines personnes se retrouvent en elle en raison de sa détermination politique », explique la chercheuse Nana Touré. Au cours d’une réunion, tenue le 21 juillet au bureau du chef de file de l’opposition à Badalabougou, nous avons rencontré plusieurs femmes se réclamant du mouvement de contestation. Certaines d’entre elles ont affirmé que la démarche du M5-RFP est « salvatrice pour le bien-être de la nation malienne ».

Il reste que les femmes se distinguent par leur faible présence dans la contestation, notamment lors des manifestations. Plusieurs facteurs, notamment d’ordre socio-culturel, pourraient expliquer cette situation. « La faible participation des femmes dans les affaires politiques s’explique par la répartition des rôles et des responsabilités en fonction du genre », souligne Nana Touré, également consultante sur les questions de paix et de sécurité. Par ailleurs, l’analyste justifie la sous-représentativité des femmes dans les instances dirigeantes par des aspects d’ordre traditionnel, culturel et religieux qui « limitent fortement le droit des femmes dans notre pays ».

Taux élevé de femmes analphabètes

En 2008, dans son étude intitulée « Problématique  de l’implication politique des  femmes au Mali : cas de la commune III du district de Bamako», la sociologue et écrivaine Fatoumata Keita lie la faible présence des femmes dans les combats politiques à leur parcours historique : ces dernières ont été exclues de la gestion des affaires publiques.

À ces obstacles, viennent s’ajouter le taux élevé de femmes analphabètes et les préjugés liés à la « chose » politique au Mali. Mais, selon Sokhona Niane, militante du principal parti d’opposition, l’Union pour la république et la démocratie (URD), « toute la société civile féminine est représentée dans le M5-RFP ». Avant d’annoncer la mise en place imminente d’un bureau des femmes du mouvement. « Vu qu’aujourd’hui les femmes sont tuées, violées,  nous devons réagir », invite la militante, très active sur les réseaux sociaux.

« La lutte jusqu’au bout »

La mauvaise gouvernance expose davantage les femmes, à en croire celles qui ont rejoint la contestation. Elles répondent régulièrement à l’appel du M5-RFP, même si elles sont faiblement représentées dans les centres de décision du regroupement hétéroclite et n’ont pas voix au chapitre.

À l’instar des hommes, les femmes venues de différentes couches sociales (société civile et partis politiques) qui ont adhéré au mouvement du M5-RFP sont prêtes à mener la lutte jusqu’au bout : le départ du président de la République. « Il n’y a pas d’autre issue pour une sortie de crise définitive à part le départ du président, car depuis sept ans, nous vivons les mêmes problèmes », assène une autre militante du mouvement.

«C’est l’union qui fait la force. Nous continuerons de mobiliser les Maliennes et Maliens afin qu’ils s’unissent pour détrôner pacifiquement et légalement le président Ibrahim Boubacar Keita », conclut avec vigueur Zeïnab Diawara, une militante de la société civile.

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