Tous les citoyens ont le droit de pouvoir participer pleinement à l’animation du jeu institutionnel et de la vie politique, et d’exercer des fonctions au niveau décisionnel dans les instances politiques.
Les personnes en situation de handicap au Mali se battent, au quotidien, pour avoir les mêmes droits et possibilités que les autres citoyens. Elles travaillent à positiver les regards et les perceptions sur le handicap. Les luttes ont abouti à la prise de mesures politiques, qui ont permis à au Mali de se doter d’un corpus législatif en matière de promotion de droits des personnes handicapées.
Dans ce cadre, le Mali a ratifié et adopté, entre autres : la convention internationale relative aux droits des personnes handicapées ; la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, y compris les femmes handicapées, de 1979 ; la loi du 12 juin 2018 relative aux droits des personnes vivant avec un handicap, etc.
Cependant, il y a les textes et il y a la pratique. Et nous sommes encore loin de l’effectivité d’une véritable volonté de promouvoir les personnes handicapées au sein de la société.
Marginalisation politique
Les personnes handicapées sont peu visibles sur la scène politique. Elles se comptent sur les doigts d’une main au sein de nos institutions [on peut être heureux, aujourd’hui, de leur présence au sein du Conseil national de la transition (CNT)] ou dans la haute administration publique.
Pour exercer des fonctions à de tels niveaux de prise de décision politique, il faut avoir été élu ou avoir à son actif une riche carrière professionnelle qui a permis de se tisser des relations ou de se dresser une renommée. Et c’est tout le défi pour des personnes en situation de handicap, qui se voient limitées dans leurs possibilités et opportunités de se construire une carrière. Toutes choses qui font d’elles des citoyens à part, mis à l’écart dans la gestion publique et politique.
Les règles des compétitions politiques, pour exercer les postes électifs au Mali, ne tiennent pas compte des spécificités des personnes handicapées. Ne jouissant pas de la plénitude de leurs capacités physiques, sensorielles ou intellectuelles comme les autres, elles ne peuvent pas aller au même rythme que leurs potentiels concurrents, lors des campagnes électorales par exemple. Il en est de même pour la possibilité d’exprimer son choix électoral dans les urnes pendant les élections.
Les personnes en situation de handicap, en l’absence de mesures spécifiques pour favoriser leur participation politique, se voient exclues des choix et des opportunités de prise de décisions politiques. Elles ne peuvent, qu’avec de grandes difficultés, participer à l’animation de la vie politique. Des difficultés qui démotivent ainsi beaucoup d’entre elles à exercer leur citoyenneté, à porter des ambitions politiques ou porter leurs choix sur des candidats en phase avec leurs convictions.
Lever les obstacles
Pour M. Kassoum Traoré, ancien cadre de l’administration publique malienne, personne en situation de handicap et président fondateur de l’Association malienne des cadres handicapés (AMCH), « la participation des personnes en situation de handicap à la vie politique est marginale voire inexistante au Mali pour des raisons multiples : absence de mesures politiques pour favoriser leur promotion politique, faible confiance en soi, préjugés défavorables des élites politiques, etc.»
Le handicap devient moins pesant lorsque les obstacles à la participation égalitaire des personnes handicapées à la vie en société avec les autres citoyens sont brisés. Avoir des droits et ne pas pouvoir les exercer, c’est comme ne pas en avoir, comme le dit l’autre. Des mesures politiques adaptées aux personnes handicapées doivent être prises afin de favoriser leur participation à la vie publique et politique et au sein de nos partis politiques et structures d’État.