Des extraits courts de vidéos font fureur sur les réseaux sociaux pour soutenir un prétendu complot contre le Mali et l’Afrique. Ils sont en réalité tirés du film américain « Deep state » et d’un long-métrage du nigérian Jeta Amata.
Les deux vidéos font la une de pages qui prétendent défendre l’Afrique sur les réseaux sociaux. L’objectif : prouver un complot contre le Mali et tout le continent en général en imposant un conflit armé pour piller les ressources naturelles.
Dans la première vidéo, tirée de la célèbre série américaine Deep State, un homme en costume (Owen Teale, acteur britannique) raconte devant un public restreint un plan mis en œuvre pour déstabiliser le Mali à cause de son refus de signer des contrats miniers. « Un immense gisement de cobalt a été découvert au Mali, il y a tout juste deux ans. À l’époque, nous avons approché le gouvernement malien pour les droits miniers, ils nous ont dit que ces droits avaient été accordés aux Chinois. Nous avons alors entrepris de créer des conditions pour nous assurer que ça n’arriverait pas. La semaine dernière une de nos filiales australiennes a obtenu ces droits. Notre projet pilote au Mali a essuyé quelques revers. Mais je suis fier de vous annoncer qu’il a fonctionné », déclare-t-il.
« Il n y a jamais eu de découverte de gisement de cobalt au Mali »
Cette séquence du film est brandie par des internautes pour soutenir la these complotiste. Mais c’est faux. Elles ne constituent pas en tout cas une preuve, car en dehors de toute fiction, le Mali, jusqu’à preuve du contraire, n’a pas de gisement de cobalt et ne fait pas partie des pays producteurs de ce métal. « Le Mali n’est pas un pays producteur de cobalt. Il n y a jamais eu de découverte de gisement de cobalt au Mali. C’est une façon de manipuler l’opinion publique, sinon notre pays n’a jamais signé un contrat minier avec les Chinois ou un autre pays sur le cobalt », explique Boubacar Sissoko, Chargé de communication au ministère malien des Mines et du Pétrole, contacté par Benbere.
« Essai solidarité» de l’OMS au Mali
La seconde vidéo, partagée plus de 19 000 fois avec plus de 461 000 vues sur la page Facebook de Africanslead, est tirée d’un long-métrage du nigérian Jeta Amata, un film dramatique américano-nigérian sorti en 2012.
Mais une petite séquence du film, d’une durée de plus d’une heure, est sortie de son contexte par des internautes pour illustrer l’intention des européens de venir faire des tests de vaccins en Afrique. En regardant le film, une jeune dame ( l’actrice nigériane Mbong Amata) tient ces propos (18e minutes) : « Ils nous rendent malades, ensuite ils nous soignent. Ils s’arrangent qu’on ait faim et ensuite ils nous nourrissent. Ils tuent les personnes que nous aimons et ensuite ils nous offrent l’argent des funérailles. »
« Vous ne voyez pas qu’il s’agit d’un plan ? », s’interroge-t-elle, dénonçant le rôle des entreprises pétrolières dans une explosion. Sur les réseaux sociaux, une petite partie de son intervention tourne en boucle pour faire allusion à des essais cliniques dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19 sur le continent. Mais, encore une fois, il ne s’agit que de la fiction.
Officiellement, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) est en train d’aider ses pays membres pour la recherche d’un vaccin contre la Covid-19. Une étude dénommée Essai de solidarité est déjà en cours dans plusieurs pays « dans le but de trouver un traitement efficace » contre le coronavirus. Mais cela concerne pas des traitements déjà utilisés en ce moment par les différents États dans la prise en charge des malades du coronavirus. Plusieurs pays y participent dont le Mali. Le ministère malien de la Santé et des Affaires sociales, dans une correspondance datée du 8 mai 2020, a autorisé le directeur général du Centre pour le développement des vaccins au Mali (CVD-Mali) a participé à cette étude internationale.