Une publication qui circule sur différents réseaux sociaux affirme que le président du Burkina Faso, capitaine Ibrahim Traoré, a rejeté un prêt du Fonds monétaire international (FMI). BenbereVerif n’a trouvé aucune preuve d’une telle information dans les médias burkinabè.
Diffusée le 19 août par la page Tenkondogo Infos, cette allégation a fait le tour des réseaux sociaux, notamment Facebook et X où elle a suscité des centaines de réactions. « L’Afrique n’a pas besoin de la Banque mondiale, du FMI, de l’Europe ou de l’Amérique. Nous avons ce qu’il faut pour développer notre économie sans prêts et refuser d’être des esclaves financiers », aurait dit le président burkinabè selon les mêmes pages.
La même affirmation a été reprise le 3 septembre en anglais par The New Tourist, un compte YouTube suivi par 420 000 personnes. Dans les commentaires sur les différents réseaux, plusieurs internautes se réjouissent de l’annonce, saluant la souveraineté du pays vis-à-vis des institutions financières internationales.
Aucune trace dans les medias burkinabè
La déclaration attribuée au capitaine Ibrahim Traoré n’a aucune source crédible. Après vérification à l’aide des mots clés, BenbereVerif n’a trouvé aucune trace d’une telle information dans la presse burkinabè ou internationale, encore moins sur les pages officielles du ministère des Finances et de la présidence du Burkina Faso.
Par contre, un communiqué du FMI indique que l’institution monétaire a décidé, en juin 2024, « un décaissement immédiat d’environ 31,7 millions de dollars » (18,7 milliards de francs CFA) à l’issue d’une réunion de son conseil d’administration. L’information a été reprise par Ecofin, une agence d’informations économiques sur l’Afrique.
En juillet 2023, le FMI a affirmé que l’institution et les autorités du Burkina Faso « sont parvenu[e]s à un accord » sur des politiques et réformes économiques qui seront appuyées par un montant d’environ 305 millions de dollars dans le cadre d’un programme de quatre ans au titre de la facilité élargie de crédit (FEC).
Des propos « mensongers »
Le 20 août, au lendemain de la diffusion de cette rumeur, la présidence burkinabè a dénoncé dans un communiqué des « propos mensongers régulièrement attribués au chef de l’État » qui sont partagés « de façon récurrente » sur les réseaux sociaux. La présidence du Faso ajoute que « ces allégations mensongères ne peuvent et ne sauraient être attribuées au Chef de l’Etat qui dispose de canaux officiels pour communiquer avec ses compatriotes et l’ensemble des amis et partenaires du Burkina Faso ».
En résumé, aucune communication officielle ne fait état de rejet de fonds du FMI par les autorités du Burkina Faso. Nos recherches prouvent au contraire le décaissement de sommes importantes de la part de l’institution financière pour le « pays des hommes intègres ».
L’arrivée au pouvoir d’Ibrahim Traoré fin 2022 a marqué un tournant important dans les relations entre le Burkina Faso et certains alliés traditionnels, comme la France et d’autres pays occidentaux. Le capitaine les accuse régulièrement de « déstabiliser son pays. » C’est dans ce contexte que des fausses déclarations contre les intérêts occidentaux lui sont souvent attribuées.