#BenbereVerif-Covid-19 : non, le gouvernement n’ a pas « piégé tous les téléphones »
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#BenbereVerif-Covid-19 : non, le gouvernement n’a pas « piégé tous les téléphones »

Le visuel d’une « alerte info» circulant sur les réseaux sociaux, notamment WhatsApp, prétend que « le gouvernement a piégé tous les téléphones » à travers une installation automatique d’une application. Il n’en est rien. 

Sur le visuel, on peut lire ce message : « Le gouvernement a piégé tous les téléphones portables ! ». On y explique la raison : « L’application a été installée sur ton téléphone à ton insu par la mise à jour automatique du téléphone. Cette notification aura pour but de contrôler les données et autres infos te concernant par rapport au Covid-19. » L’auteur de l’intox va jusqu’à donner des étapes à suivre pour vérifier soi-même (cf capture d’écran).

C’est faux. Dans ce document de l’Aide Google Play pour les utilisateurs Androïd, il est expliqué  comment « utiliser le système de notifications d’exposition au Covid-19 sur votre téléphone Androïd ». Il ne s’agit donc pas d’une application, mais d’une simple notification. Le but est de « savoir si vous avez été exposé à une personne qui a signalé avoir contracté la Covid-19. » Ce système de notification ne marche sur le téléphone que quand l’utilisateur installe l’application contenant des données liées à la Covid-19. C’est donc l’utilisateur qui est seul responsable de l’installation sur son téléphone ou non.

« L’utilisateur décide »

S’agissant de la question de protection de sa vie privée, Apple et Google rassurent que seul l’utilisateur décide quand et comment partager ses données personnelles, tout en signalant que l’application de ces instances gouvernementales n’est pas autorisée à utiliser la position de votre téléphone. Des experts maliens que nous avons contactés n’ont pas voulu s’exprimer sur le sujet. 

Dans une vérification datant du 12 juin, nos confrères de RTL INFOS affirment que  «le but, c’est le traçage. Pas des gens, comme certains aiment le penser et le partager, mais de la maladie. Ultra-connecté (carte SIM, puce GPS, technologie Bluetooth), le smartphone est l’outil idéal à utiliser pour savoir qui a été en contact avec une personne atteinte du coronavirus, dans le but final d’en freiner la propagation. » Si ce système de traçage a été utilisé en France et dans d’autres pays développés, nous n’avons eu  aucune information confirmant qu’il a été adopté au Mali dans la prise en charge de la maladie de Covid-19.

« Une application ne doit pas être lancée sans base légale »

Au Mali, l’outil numérique développé dans la lutte contre la Covid-19 s’appelle « SOS Corona ». « Cette application a pour but principal d’informer les citoyens en temps réel par rapport aux dangers de la maladie, de permettre à tout citoyen de pouvoir déclarer des cas suspects de Covid-19 », explique Bakary Kouyaté, gestionnaire du centre d’incubation de l’Agence malienne de technologie, de l’information et de la communication (AGETIC). À ses dires, sa structure n’est chargée que de la gestion technique de cet outil, créé sur initiative du ministère malien de l’Économie numérique et de la Prospective. 

« SOS Corona » permet à l’utilisateur de signaler des personnes suspectes. Pour ce faire, l’utilisateur doit répondre à un certain nombre de questions. Une fois le formulaire rempli et envoyé,  cette information va automatiquement dans le Back Office, qu’on peut traduire ici par « service d’appui ». À ce stade, prend fin l’intervention de l’AGETIC. C’est le service 36061 du ministère de la Santé et des Affaires sociales qui prend le relais. C’est le ministère qui décidera de la façon de procéder au diagnostic sur la base des informations fournies par l’utilisateur.

L’Autorité  de protection des données à caractère personnel (APDP) affirme également ne pas être au courant de l’existence de cette prétendue application qui permettrait au gouvernement d’espionner les citoyens. « Une telle application ne doit pas  être lancée sans base légale, soit par un décret ou un arrêté et qui doit passer par notre autorité avant que ce soit adopté », précise Arouna Keïta, directeur des affaires juridiques et des contentieux de l’Autorité de protection des données à caractère personnel. 

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