#BenbereVerif : les dessous de la revue de presse à la radio
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#BenbereVerif : les dessous de la revue de presse à la radio

Au Mali, surtout à Bamako, la radio est extrêmement populaire. Certaines émissions dites de revue de presse, qui traduisent le contenu des articles de presse en bamanankan, semble être souvent source de fausses informations.

Le Mali est un pays avec un faible taux de scolarisation. De ce fait, la radio occupe une place de choix dans l’information et la communication. Les marchés, les ateliers de couture ou de métallurgie, où se concentre une partie de la population, sont animés, le matin, par des émissions dites de revue de presse.

Ces émissions sont d’une grande utilité dans la mesure où elles permettent à la population non scolarisée d’être informée. « C’est le seul moyen qu’on a de savoir ce qui se passe dans le pays, et on le fait en continuant de travailler », explique Boureïma Coulibaly, apprenti dans un atelier de métallurgie.

Théâtralisation de la revue

Les multiples défis auxquels le Mali fait face crée et renforce le besoin d’informations chez la population, surtout dans les grandes villes. Les émissions dites revues de presse comblent ce besoin. Ceux qui animent ces émissions, pour les rendre populaires, mélangent « informer et amuser, c’est la recette pour que ça marche », explique un animateur dans une radio à Bamako. « Le problème, et je suis d’accord, c’est que nos auditeurs très souvent ne savent faire la différence entre ce qui est de l’information et ce qui est de l’amusement. Cela laisse place à toutes les interprétations et dérives », renchérit-il.

Pour le journaliste Fidèle Guindou, très radical, ce que les radios font ne doit pas être appelé revue de presse. « Les styles journalistiques sont connus, et on ne va pas les inventer. Ce que font la plupart des radios, ce n’est pas de la revue de presse », avait-il lancé au forum sur la lutte contre la désinformation tenue à Bamako les 19 et 20 octobre 2022.

De son côté, Assane Koné, journaliste, avait répondu que le débat sur le travail des radios qui traduisent les contenus des articles de journaux « ne date pas d’aujourd’hui, il y a 20 ans, déjà on avait tenu des ateliers sur la question de traduction des journaux de la presse écrite à la radio, mais le problème perdure ».

Accusations non fondées

Des exemples d’articles mal traduits ou des informations mensongères lancées au cours de certaines émissions dites de revue de presse sont nombreux. Modibo Fofana, l’actuel président de l’Association des professionnels de la presse en ligne (Appel-Mali), témoigne : « Un jour, j’ai écouté la traduction d’un de mes articles à la radio. J’avais du mal à reconnaitre mon article, tellement qu’il a été mal traduit ».

La relance des poursuites judiciaires, notamment dans le dossier dit d’achat d’équipements militaires, avait donné lieu à des commentaires teintés d’accusations non fondées. Ces commentaires sont pris, par beaucoup d’auditeurs, comme des informations alors qu’ils n’en sont pas.

« Nous en sommes conscients, et interpellons régulièrement les radios sur cette question de revue de presse. Mais ce qu’il faut ajouter aussi, c’est que ce que les animateurs de radio disent reflète la légèreté avec lequel le journaliste traite l’information. La HAC n’est pas un tribunal, dès que nous mettons en garde et nos recommandations sont prises en compte, nous nous limitons à ce stade. Nous ne gérons pas les journaux », conclut Zana Coulibaly, chargé du monitoring à la Haute autorité de la communication (HAC).

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