Adultère : au Mali, la société donne carte blanche aux hommes
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Adultère : au Mali, la société donne carte blanche aux hommes

La société malienne semble encourager l’adultère des hommes en leur donnant carte blanche. Mais, elle est intolérante envers les femmes qui commettent le même forfait.

« Djèya kagni  saga la ni ba ye (La blancheur sied mieux au mouton qu’à la chèvre)»,  dit un adage bamanan. Ce qui signifie qu’il y a des fautes pour lesquelles la société accable davantage les femmes que les hommes. Comme en cas d’adultère par exemple.

Quand on traite un homme de « kamalenba (coureur de jupons)», il en est fier. Mais quand une femme est taxée de « soungourouba (trainée)», elle en a honte. Pourquoi ces mots, pas si différents, ont des effets contraires sur les personnes auxquelles ils sont adressés ? Au lieu de prendre ce mauvais comportement comme une fierté, les hommes devraient plutôt en avoir honte à mon avis.

Que dit la loi malienne à propos de l’adultère ?

Le Code pénal malien réprime l’adultère. L’article 231 stipule : « L’époux convaincu d’adultère sera puni d’un emprisonnement d’un à six mois et d’une amende de 20.000 à 100.000 francs ou de l’une de ces deux peines seulement ».

Selon Maître Éric Nassar, avocat et docteur en droit privé, l’adultère est punissable au Mali de deux façons : « Sur le plan pénal, c’est une infraction prévue et punie par le Code pénal ; sur le plan civil, c’est une cause de divorce ». En pratique, ajoute-t-il, c’est quasi impossible de fournir la preuve, car deux témoins doivent avoir vu l’acte se dérouler.

« J’étais choquée »

Néanmoins, il y a certains maris infidèles qui respectent leurs épouses et font tout pour qu’elles ne soient pas au courant de leurs relations extraconjugales. Un mari infidèle m’a confié un jour que si jamais sa femme apprenait son infidélité, il en mourra  de honte. Il explique son forfait  par la difficulté à satisfaire sa libido en se contentant d’une seule femme.

D’autres, par contre, n’ont aucun respect pour leurs femmes. Ils commettent l’adultère sans le cacher. « Mon mari est un coureur de jupons et il ne me le cache pas. Le jour où j’ai interpellé l’un de ses grands frères pour qu’il le conseille, ce dernier m’a répondu que même eux aussi courtisaient. J’étais choquée », m’a confié Fatouma.

Polygamie

Certains hommes pensent que, parce qu’ils ont signé la polygamie, tout leur est permis. Leur phrase fétiche : « Je commets l’adultère, mais je peux épouser ma maitresse puisque j’ai droit à quatre femmes selon l’islam ». Je me demande alors pourquoi ne pas la marier d’abord avant de dormir avec elle ? Ces personnes, qui se réfugient derrière l’islam, tentent de faire croire que la polygamie est une obligation.

Leur slogan : « Soungouroutikè te tchè djogo djougou ye », qu’on peut traduire en français par « courtiser des femmes n’est pas un mauvais comportement chez l’homme ». C’est un leurre ! C’est l’un des pires comportements, car il crée  à la limite une dépendance. Et une rupture de confiance avec l’entourage. 

« Chaque jour, pendant son heure de pause, mon patron amène une nouvelle fille à la maison jusque sur le lit conjugal, parce que cela trouve que sa femme est aussi au travail », m’a confié une servante. Avant de continuer : « Quand ils finissent, c’est moi qui remets la chambre en l’état avant le retour de madame.» Cet homme pense qu’il est caché alors que tout son entourage est au courant, à part sa femme bien sûr.

C’est vrai qu’il y a des femmes infidèles, mais il y a encore plus d’hommes infidèles. Car l’infidélité de l’homme est quelque part encouragée par nos sociétés à cause de cette histoire de polygamie. Mais je le rappelle, la loi malienne ne dit pas que l’adultère commis par un homme est moins grave que celui commis par une femme.


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