Côte d’Ivoire : faire face à l’inquiétant fléau des avortements non sécurisés
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Côte d’Ivoire : faire face à l’inquiétant fléau des avortements non sécurisés

L’interruption volontaire de grossesse (IVG) est interdite en Côte d’Ivoire – sauf en cas de viol ou d’inceste ou lorsque la vie de la mère est menacée. Mais des milliers d’avortements clandestins y sont enregistrés chaque année.

Anne, serveuse dans un bar à Abidjan, la capitale ivoirienne, a déjà pratiqué l’IVG « par contrainte », dit-elle. « J’ai peur de ce qui va se passer et des transformations de mon corps. Quand j’apprends que je suis enceinte, c’est un moment de joie, mais qui dure peu car je suis vite envahie par l’angoisse. Je n’ai pas les moyens pour m’occuper de l’enfant », raconte la jeune serveuse.

En Côte d’Ivoire, les cas d’avortements touchent en particulier les élèves et étudiantes. « Dans mon cas, ça été très dur. Je n’étais pas prête, j’ai compris qu’il ne faut pas tricher dans la santé. J’ai énormément souffert, confie Viviane, 21 ans, élève en terminale à Sikensi. Pendant des nuits, je ressentais de l’angoisse à cause de ce que j’avais fait. »

Mettre fin aux avortements à risque

Ces avortements clandestins ne sont pas sans conséquences sur la santé des victimes. Outre des problèmes sanitaires, les victimes font face également à des troubles psychologiques. « Pour moi, j’étais un peu maudite en quelque sorte. J’avais peur quand je pensais que mon ventre était un tombeau. J’avais du mépris envers moi-même, car j’étais une mauvaise mère. J’ai perdu le sommeil à un moment donné, j’ai connu une dépression énorme », témoigne Viviane.

Selon Kouakou Rostand, médecin au Centre hospitalier universitaire de Cocody, « il existe plusieurs types d’avortements mais les conséquences restent pratiquement les mêmes, surtout lorsqu’ils sont mal réalisés ». Au niveau sanitaire, il existe des risques d’infections pouvant entraîner une septicémie voire même une stérilité à la longue, explique le médecin.

A ces risques, s’ajoute la perforation de l’utérus ou l’endommagement des trompes entraînant aussi une stérilité et souvent la mort. Sur le plan psychologique, il y a ce qu’on appelle le « syndrome post-abortif ». La victime subit souvent des traumatismes et des terribles chocs. Pour Kouakou Rostand, l’utilisation des méthodes de contraception reste la méthode la plus efficace pour mettre fin à ces avortements récurrents.

Mortalité maternelle

Sara, elle, a compris l’utilité de la planification familiale. L’étudiante en pharmacie est adepte des méthodes de contraception. Elle est à l’abri des grossesses non désirées et des avortements à risque, grâce aux pilules qu’elle utilise.

En Côte d’Ivoire, l’IVG n’est autorisée que pour sauvegarder la vie de la mère gravement menacée, selon l’article 366 du Code pénal de 1981. Même si aucun cas de condamnation liée à l’IVG n’a fait grand bruit dans la presse locale, les statistiques révèlent que le taux de mortalité maternelle est de 614 décès pour 100 000 naissances vivantes,  dont 18  cas dus à des complications d’avortements clandestins. Des chiffres qui placent la Côte d’Ivoire parmi les pays ayant le plus fort taux de mortalité maternelle et d’avortement.


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