En Côte d’Ivoire, des obstacles freinent l’accès des femmes aux contraceptifs
Image : Iwaria
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En Côte d’Ivoire, des obstacles freinent l’accès des femmes aux contraceptifs

En Côte d’Ivoire, malgré les efforts des autorités et organisations non gouvernementales, de nombreux obstacles freinent l’accès des femmes aux méthodes contraceptives.

La Côte d’Ivoire occupe la queue du peloton sous-régional, en termes de besoins contraceptifs non satisfaits, estimés à 29,9 % en 2020. Elle dépassant  un peu plus le Mali,  (25,1%), le Burkina Faso ( 24,1%) et le Nigéria, géant africain en matière de croissance démographique avec plus de 100 millions d’habitants. Le taux de prévalence contraceptive moderne pour les femmes y est passé de 13, 5% en 2012 à 22, 5% en 2020, grâce aux efforts des acteurs engagés dans la vulgarisation du planning familial.

Si l’on ne peut aujourd’hui remettre en cause le bien-fondé de la planification familiale pour les femmes, certains facteurs constituent encore un plafond de verre pour celles qui en sont les premières bénéficiaires. En premier lieu, il y a les tabous socioculturels. Dans notre contexte « africain », on ne parle pas d’éducation sexuelle en famille, encore moins de contraception. Et pour cause. Notre société est aussi nataliste que religieuse. Résultat : la contraception peut avoir mauvaise presse auprès de certaines couches.

Activité sexuelle précoce

Du reste, les adolescents qui s’y intéressent ne trouvent de refuge que dans les cours en classe, qui sont assez superficiels sur la question. « Au lycée, alors qu’on avait 16 ou 17 ans, quand on demandait conseil auprès des personnes spécialisées, on nous disait que c’était trop tôt et qu’on devait s’occuper de nos études et nous abstenir », se rappelle D. Coulibaly, aujourd’hui agent de santé.

Pourtant, le constat démontre que les jeunes sont de plus en plus précocement actifs sur le plan sexuel. Certains débutent la vie sexuelle à 10 ou 12 ans. Le premier rapport sexuel survient en moyenne à 15 ans. La première conséquence pour les jeunes femmes et filles confrontées à cette réalité, et qui méconnaissent les méthodes contraceptives, est la contraction de grossesses précoces et le risque d’avortements clandestins. Comme le confirme D. Coulibaly : « Certaines ont avorté, d’autres n’ont pas pu réussir leur tentative et ont gardé le bébé. »

Faible niveau d’alphabétisation

L’autre défi est que de nombreux mythes continuent d’entourer la contraception en Côte d’Ivoire. Souvent, ce sont les agents de santé qui entretiennent des préjugés sur les méthodes contraceptives. « Les agents de santé ont des préjugés sur les contraceptifs, et les partagent aux malades », affirme R. Eyambi qui ajoute que ces préjugés « naissent d’un manque de formation et d’informations ».

Par manque d’informations sur les méthodes appropriées et les éventuels inconvénients (prise de poids, saignements, aménorrhées), encore peu documentés, nombre de femmes refusent de recourir à la contraception moderne pour préserver leur santé. A cet obstacle, il faut ajouter le faible niveau d’alphabétisation de la population féminine, qui handicape son adhésion massive à la contraception. Aussi, les femmes ne disposent-elles toujours pas d’une autonomie totale dans leur choix en matière de fécondité comme dans l’adoption de méthodes contraceptives.

Pour rappel, la loi française du 31 juillet 1920, interdisant l’avortement, la publicité, l’importation et la vente de produits contraceptifs, était toujours en vigueur en Côte d’Ivoire jusque dans les années 1980. Ce qui avait fortement restreint l’accès aux méthodes de régulation des naissances. Après la crise économique de 1980, et la fin du « miracle ivoirien », l’État avait adopté la déclaration de politique de développement des ressources humaines (DPDRH) en juin 1991. Cette politique envisageait la planification familiale dans son double rôle sanitaire et démographique.

Depuis 1999, la Côte d’Ivoire s’est aussi dotée d’un programme national de santé de la reproduction/planification familiale (SR/PF). Le pays a également pris de nombreux engagements internationaux et adopté de multiples politiques en la matière. Il demeure encore des facteurs qui impactent négativement l’accès des femmes à la contraception.

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