Covid-19 : comment les couples et les célibataires vivent-ils le couvre-feu à Bamako ?
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Covid-19 : comment les couples et les célibataires vivent-ils le couvre-feu à Bamako ?

L’annonce d’un couvre-feu par les autorités maliennes en raison de la pandémie du Covid-19 met à rude épreuve la vie amoureuse de certains bamakois, peu habitués à des limitations de mouvement. Couples et célibataires 

Depuis l’enregistrement des deux premiers cas, le 25 mars 2020, les mesures de protection contre le Covid-19 se sont renforcées au Mali. Parmi elles, il y a notamment la mise en place d’un couvre-feu de 21h à 5h du matin annoncé par le président de la République le jeudi 26 mars 2020. Ainsi, pour ce qui est de la vie amoureuse, cette pandémie peut avoir de fortes répercussions sur la vie de couple. Chaque personne a ses pratiques pour s’accommoder.

Bonheur pour certains

Pour certains, les répercussions de la pandémie peuvent être positives. C’est le cas du couple Samaké, marié depuis 9 ans. Selon Mme Samaké, depuis les deux premières années de mariage, la charge mentale et les tâches domestiques n’incombaient qu’à elle seule, car monsieur rentrait tard à cause du travail. Elle poursuit en arguant que maintenant, grâce au couvre-feu, il participe activement à l’éducation des enfants et l’aide dans les tâches domestiques.

Les plus heureuses et gagnantes de ce couvre-feu seraient les femmes trompées. Aïcha, qui est concernée, ne cesse de bénir les autorités : « Mon mari avait toujours des diners d’affaires, des réunions de nuit…Toutes ces excuses bidon, c’était pour flirter avec des petites filles. Alhamdoulillah, maintenant il est toutes les nuits à la maison et accomplit son devoir conjugal sans se plaindre. » 

Pour le jeune I.B., les choses marchent comme sur des roulettes : « Je suis célibataire, et cela faisait 6 mois que ma cousine résistait à mes avances, mais elle a lâché prise en cette période de couvre-feu. Nous vivons une histoire d’amour en ce moment. »

Cauchemar pour d’autres

Pendant que certains nagent dans le bonheur en cette période de couvre-feu, d’autres souffrent le martyr. Tout n’est pas rose dans la vie de couple, et certaines femmes sont victimes de viol conjugal. Mariam m’a confié son calvaire depuis le début de ce couvre-feu. « Je suis à 7 ans de mariage, et mon mari est propriétaire de bar. Avec la décision de fermer les bars et restaurants, il reste à la maison. Chaque soir, je vis le calvaire dans notre chambre. Il n’arrête pas de me frapper. Le pire, c’est qu’il a des pratiques et envies sexuelles bizarres. Je pense que la pornographie a une mauvaise influence sur lui. Il ne me demande même pas si je suis consentante. Sa seule préoccupation, c’est la satisfaction de sa libido ».

Laye, un habitué des maisons closes, est vraiment remonté. Selon lui, c’est pour éviter les histoires de cœur brisé qu’il avait fait des maisons closes ses lieux de prédilection. Maintenant qu’elles sont fermées, me dit-t-il, la pornographie à la télé est sa seule consolation.

La routine et le changement de timing

Il y a des personnes pour qui le couvre-feu n’a pas changé les habitudes. De leur côté, le couple Koné garde toujours sa routine malgré le couvre-feu. M. et Mme ne sortaient déjà pas beaucoup, et il n’y a pas non plus de changement dans leur intimité, confient-ils.

Si le couvre-feu interrompt les rendez-vous la nuit, alors ils sont décalés à la journée. Bijou, qui sort avec un homme marié, n’a d’autre choix que de placer ses rencontres dans la journée. En plus, cette idée plaît à son «  Sugar Daddy » (pseudo qu’elle lui a donné). Elle n’est pas la seule à décaler ses rencontres. Nombreux sont les jeunes hommes qui préfèrent opérer la journée, pour plus de discrétion. 

Les couples sortiront de cette expérience implacablement changés, psychologiquement et émotionnellement. Certains espèrent que les nouveaux comportements seront gardés, d’autres prient pour que les mauvaises habitudes soient abandonnés. En attendant, chacun vit les mesures face au Covid-19 à sa manière.

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