Covid-19 : l’inquiétante baisse des consultations prénatales
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Covid-19 : l’inquiétante baisse des consultations prénatales

L’avènement de la Covid19 a entrainé une baisse des consultations prénatales. Des femmes enceintes ont peur de se rendre dans les structures de santé en raison des rumeurs distillées sur les réseaux sociaux sur le coronavirus.

Cet article a d’abord été publié par le journal Le Reporter.

Mme Bagayogo Suzanne Zemba est sage-femme et encadreuse d’étudiants au centre de santé de Quartier-Mali et de l’Association de santé communautaire de Yirimadio (Asacoyir). Selon elle, la Covid-19 a eu beaucoup d’impacts sur la consultation prénatale. Au début, en mars 2020, rares étaient les femmes qui venaient à l’hôpital. Pourtant, auparavant, elle pouvait en recevoir une vingtaine du matin jusqu’après midi.

Depuis l’irruption de la Covid-19, les consultations prénatales ont chuté. La sage-femme ajoute qu’il y a eu même des jours où les consultations ne dépassaient pas deux personnes. « Les femmes avaient peur qu’une fois arrivées au centre de santé avec une sensation de fièvre, elles soient mises en quarantaine. Celles qui étaient enrhumée restaient à la maison. Elles essayaient toutes de faire leurs consultations en ligne. Les personnels de santé avaient peur des femmes et vice versa.», a-t-elle dit.

Rumeurs

En outre, Mme Bagayogo Suzanne Zemba fait savoir qu’il y a eu beaucoup d’accouchements à domicile, suivis de complications. Et la mortalité maternelle a augmenté, indique-t-elle. « En cette période, tellement les femmes avaient peur des centres de santé qu’elles restaient à la maison jusqu’à ce qu’elles finissent par y accoucher. Quand une femme accouche à la maison, toute sorte de complications peut arriver », poursuit-elle.

Mme Tamboura Oumou Dembélé est une jeune future maman. Elle a commencé ses consultations il y a deux mois au Centre de santé de référence de Sogoniko, alors qu’elle est à plus de 6 mois de grossesse. Selon elle, cela est dû aux rumeurs qui circulent sur cette maladie. Avant de dire qu’elle avait peur d’aller faire ses consultations, la jeune future maman a noté que l’accès au centre de santé n’est pas facile avec les mesures barrières.

Pour y remédier, Dr Konaké Mama Sy, médecin chef du Centre de santé de référence de la commune VI du district de Bamako, explique que les mesures ont été prises pour sensibiliser les femmes à venir dans les structures de santé pour leurs consultations. Au niveau des structures gouvernementales, il y a eu beaucoup de sensibilisations pour les consultations prénatales. Même au niveau des communes, avec l’aide des Agents de santé communautaire (ASC) et des relais communautaires. « On a sensibilisé la population pour dire qu’être dans une structure de santé ne signifie pas qu’on va être dépisté comme un cas de Covid-19. Nous sommes là pour la santé globale de la population. Les structures de santé ne sont pas là pour la prise en charge seulement de la Covid-19. Il y avait eu une confusion, le dépistage n’est pas systématique pour toute personne qui vient dans les structures de santé », ajoute Dr Konaké Mama Sy.

« Le droit à la vie et à la santé est la base des droits humains »

Après une année de sensibilisations, d’échanges avec la population, il y a eu la compréhension et les centres de santé commencent à retrouver leur rythme normal. « Je lance un appel parce que sans consultation prénatale, il n’aura pas de réduction de la mortalité maternelle et infantile, fait remarquer Dr Mama Sy. L’objectif du gouvernement et des structures, c’est la réduction du taux de mortalité maternelle et infantile. J’insiste : toutes les femmes doivent venir vers les structures de santé dès qu’elles sentent les signes de la grossesse pour avoir un bon suivi. »

Lors de la journée internationale des sages-femmes, la ministre de la Santé et du Développement social, Mme Diéminatou Sangaré, a déclaré que chaque femme devrait avoir accès à un professionnel de santé qualifié pendant la grossesse, l’accouchement, les soins postnatals et en cas de complications. « Le droit à la vie et à la santé est la base des droits humains », avait rappelé la ministre.


« Cet article est publié avec le soutien de JDH – Journalistes pour les Droits Humains et Affaires Mondiales Canada »

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