Faut-il une autorisation pour adopter une méthode de contraception ?
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Faut-il une autorisation pour adopter une méthode de contraception ?

Beaucoup de parents et conjoints le prennent mal lorsque leur fille ou épouse utilise une méthode de contraception. Les femmes, n’étant pas forcement à l’aise pour en parler, devraient-elles obligatoirement demander l’autorisation à quelqu’un ?

L’idéal serait que les couples discutent pour choisir une méthode de contraception à leur convenance. La planification familiale, comme son nom l’indique, concerne toute la famille, y compris l’époux. S’il est nécessaire de consulter le conjoint ou partenaire pour consolider la communication au sein du couple, il n’est nullement obligatoire d’avoir son autorisation. Dans la plupart des cas, les hommes sont contre l’utilisation des méthodes contraceptives.

De ce fait, l’on ne doit pas forcément passer par l’autorisation d’un proche pour se faire planifier. Dans la loi Lahaou Touré, il est dit que « les hommes et les femmes ont le droit égal de liberté, de responsabilité, d’être informés et d’utiliser la méthode de planification ou de régulation des naissances de leur choix, qui ne sont contraires à la loi ».

Auparavant, on demandait l’accord des parents lorsqu’une jeune fille voulait se faire planifier, et celui du conjoint lorsqu’il s’agissait d’une femme mariée. Mais ce n’est plus le cas, selon Mme Konaté Fatoumata Bouaré, sage-femme et responsable planification familiale au Centre de santé communautaire de Yirimadio. « Sous recommandation de la Population Services International du Mali (PSI MALI), toute femme ou jeune fille, qui veut faire recours à une méthode de contraception, est libre de le faire sans l’autorisation de qui que ce soit, car c’est son droit », explique la sage-femme.

Époux récalcitrants  

Mariam Maïga, qui travaille au Centre de santé communautaire du Badialan (Asacoba), nous fait part d’une scène étonnante qu’elle a vécue. « Il y a deux semaines de cela, un homme est venu me voir très remonté. Il avait une plaquette de pilule contraceptive et voulait savoir à quoi ce médicament servait. Je lui ai dit qu’il s’agissait de la pilule de contraception ». De fait, il est opposé à la planification familiale. Il avait interdit à sa femme d’y faire recours au motif que la contraception rendrait stérile. Des époux récalcitrants, on en compte encore beaucoup, en dépit des efforts de sensibilisation.

Mariam Maïga dit lui avoir proposé de revenir avec sa femme afin de les sensibiliser sur l’utilisation des méthodes de contraception. Après cette concertation, il était plus compréhensif et a accepté que sa femme continue la prise des pilules. Selon Mariam Maïga, les hommes ont  besoin d’être sensibilisés afin de faciliter la tâche aux femmes.

Égalité devant la loi

Certains parents, en revanche, préfèrent se voiler la face et ne rien savoir de la sexualité de leurs filles ou les méthodes de contraception qu’elles utilisent. Rester dans l’ignorance, pensent-ils, est un moyen pour ne pas être complices de la vie sexuelle de leurs enfants.

« Ma fille de 16 ans est venue un jour vers moi puis m’a dit : ‘’Maman, je voudrais que tu m’amènes à l’hôpital pour me faire planifier’’. Je n’en revenais pas. Tellement choquée, je n’ai pas pu garder pour moi seule. J’ai aussitôt prévenu son père qui l’a punie sévèrement et toutes mes sœurs qui l’encourageaient dans ce sens ont été mises en garde », confie Juliette Camara.

Ces attitudes perdurent vis-à-vis des personnes qui optent pour le planning familial. Pourtant, en la matière, la loi est sans ambiguïté: « Les hommes et les femmes sont égaux en droit et en dignité en matière de santé de la reproduction. La santé de la reproduction, l’objet de la présente loi, suppose que toute personne peut mener une vie sexuelle responsable, satisfaisante et sans risque ».

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