A Kayes, il faut briser le silence autour de la santé de reproduction
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A Kayes, il faut briser le silence autour de la santé de la reproduction

Le débat sur la santé de la reproduction demeure un tabou dans notre société. La région de Kayes ne fait pas exception à cette règle. Mais de plus en plus de mères brisent le silence.

Mah Traoré est une mère de famille. Avec sa fille de 16 ans, il n’y a pas de tabou. « Nous sommes très proches. Je considère ma fille comme ma meilleure amie. Nous échangeons souvent sur la santé de la reproduction notamment le cycle menstruel et les dangers des grossesses précoces dans la vie d’une jeune fille », témoigne-t-elle.

Si pour cette maman, la communication parent-enfant ne doit plus être un tabou au 21e siècle, c’est tout le contraire chez la maman de Fatoumata. La jeune femme avoue n’avoir jamais abordé le sujet de la santé de la reproduction avec sa mère. Quand elle a eu ses règles à 13 ans, « j’ai hurlé de toutes mes forces, car c’était nouveau pour moi », se souvient Fatoumata.

Six ans plus tard, la jeune fille tombe enceinte et abandonne l’école pour s’occuper de son enfant. Âgée de 26 ans aujourd’hui, elle regrette son passé : « Dommage, mes rêves sont brisés ! » Sa vie aurait été différente si elle avait reçu une éducation sexuelle très tôt.

Etablir la confiance

À Kayes, des jeunes tentent de briser le tabou autour de la santé de la reproduction. Mory Diawara, paire éducateur, membre de l’Association Kayes pour nous. Depuis 2015, il milite en faveur de la promotion de la santé de la reproduction des adolescents et jeunes. « On regroupait les adolescents pour échanger avec eux. Beaucoup n’étaient pas habitués à cela. On essayait de les mettre à l’aise afin d’établir une confiance pour que la communication puisse bien se passer », explique Mory Diawara.

La communication sur la santé de reproduction permet aux jeunes filles surtout d’être épanouies et de poursuivre leurs études, Oumar Khassonké qui enseigne la psychopédagogie à l’institut de formation des maîtres de Kayes. Selon l’enseignant, il n’y a pas un âge fixe pour aborder la santé de la reproduction. Le parent doit être apte à dialoguer avec l’enfant en fonction de son âge. « L’enfant nait avec des pulsions sexuelles. C’est la communication et l’observation des parents qui permettent de l’informer et de le sensibiliser », insiste-t-il.

Soins de qualité

Ainsi, l’inaccessibilité des informations sur la santé de la reproduction par les adolescents et jeunes constitue un handicap pour beaucoup. En effet, l’enfant qui est mieux informé est à l’abri des dangers liés à la sexualité. Le psychologue précise aussi que la communication doit varier, car les intérêts évoluent en fonction de l’âge. Il faut une technique adaptée pour chaque étape du développement de l’enfant.

La loi n° 02-044 du 24 juin 2002 relative à la santé de la reproduction stipule en son article 4 : « Tout individu, tout couple, a le droit d’accéder librement à des services de santé de reproduction et de bénéficier des soins de la meilleure qualité possible ». Cette loi est malheureusement méconnue.

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