Mali¬ – PMA : en attendant une législation
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Mali – PMA : en attendant une législation

Au Mali, de nombreux couples recourent aux techniques de procréation médicalement assistée (PMA) pour concevoir. Mais la pratique n’est pas encadrée, faute de législation.

La procréation médicalement assistée (PMA) est l’ensemble des techniques qui concourent à aider un couple à avoir un enfant. Elle est différente du travail du gynécologue, qui s’attaque à la cause d’un mal pour permettre à un couple de procréer. La PMA, quant à elle,  vise à contourner un obstacle lié à la fertilité.

La première naissance par insémination au Mali remonte en 1984. Celle à partir de la fécondation in vitro date de 2008. Depuis, environ 2 500 couples ont eu recours à différentes techniques de la PMA, selon Dr Bandjougou Doucouré, pharmacien, biochimiste et promoteur de la clinique Diafounou, un centre de fertilité qui a vu le jour en 2012 à Bamako, la capitale malienne.

« La fertilité varie selon le sexe »

Les couples qui se tournent vers les solutions PMA le font après avoir passé plusieurs années sans avoir d’enfant. Le délai d’attente, établi initialement à deux ans par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a été revu à 12 mois. « Un couple doit pouvoir procréer au bout de douze mois. S’il n’y a pas de grossesse au bout d’une année, ça veut dire qu’il y a un problème », affirme Dr Bandjougou Doucouré.

Selon le spécialiste, les causes sont à chercher des deux côtés : aussi bien chez l’homme que la femme à l’aide de bilans clinico-biologiques. Les deux peuvent être en cause, comme l’un d’entre eux peut l’être également. Il peut aussi y avoir une infertilité inexpliquée quand le bilan ne montre pas les causes. Mais la « cause existe même si on ne voit pas », développe le spécialiste.

La fertilité diffère selon le sexe. La fertilité d’un homme est sans limite. Il se renouvelle permanemment. Tandis que chez la femme, les follicules diminuent avec l’âge et la fréquence de maternité.

Ouf de soulagement

Au Mali, plus de 8 sur 10 couples qui ont fait recours à l’assistance médicale à la procréation ont pu avoir un ou des enfants, selon les explications du praticien. Certains ont même eu des jumeaux. C’est le cas du couple Dembélé. Après 6 ans de mariage, Mme Dembélé Salimata Sanogo n’avait pas eu d’enfant. Grâce à la  PMA, elle a donné naissance à des jumeaux.

Le recours à la PMA a permis également de sauver le foyer de cet expatrié ivoirien vivant dans la capitale malienne. Il est venu accompagner sa femme pour sa consultation dans la clinique Diafounou le mois dernier. Sa femme est enceinte de 4 mois. Elle a contracté sa première grossesse après 3 années de mariage, grâce à la PMA. Un ouf de soulagement pour celle qui avait du mal à supporter l’impatience de sa belle-famille.

Si les techniques de procréation médicalement assistée permettent aujourd’hui de soulager de nombreux foyers, il faut reconnaitre qu’au Mali aucun hôpital public ne dispose du plateau technique nécessaire à cette intervention.

Vide juridique

Aussi, la société est plutôt méfiante vis-à-vis de la procréation médicalement assistée. Beaucoup ont des préjugés sur la pratique, ce qui explique la réticence de certains à y recourir.

Pour rappel, au Mali il existe un vide juridique en la matière. Le Mali ne dispose pas de législation spécifique sur l’assistance médicale à la procréation. « Dans beaucoup de pays, la pratique de la PMA a précédé la législation. Le législateur a suivi ensuite », tente de minimiser un praticien sous le couvert de l’anonymat.

En août 2014, le gouvernement malien avait adopté en Conseil des ministres un projet de loi relative à l’assistance médicale à la procréation, mais il n’a pas abouti. Un autre projet de loi relative au prélèvement et à la greffe d’organes, de tissus et de cellules humains avait connu un sort similaire en 2008.


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