Unions interreligieuses : le tour de force réussi de Tidiani et Abigail
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Unions interreligieuses : le tour de force réussi de Tidiani et Abigail

Au Mali comme ailleurs, certaines unions interreligieuses sont empêchées par l’opposition des parents. Le blogueur Sagaidou Bilal raconte le tour de force réussi de Tidiani et Abigail, et plaide pour davantage d’ouverture.

«La foi n’a pas à être liée ou subordonnée au mariage, ni le contraire. La foi est une chose et le mariage en est une autre ». Ces propos sont d’Amadou Hampaté Bâ dans Aspects de la civilisation africaine. Si dans cet ouvrage  il explique que le mariage est avant tout une institution sociale avant d’être vivement recommandé par le Coran, cela ne semble pas être le cas dans notre milieu social. La confession religieuse est l’un des critères les plus déterminants quand on veut s’engager dans une vie de couple.

Tidiani B. est un étudiant en master philosophie à Bamako. Lui et sa fiancée Abigail, étudiante en multimédia à l’Institut national des arts (INA), se sont connus en 2013 dans la bibliothèque du Lycée public de Mopti (LPM). Tombés amoureux l’un de l’autre, ils projetaient de se marier. Mais c’était compter sans les deux familles, qui sont de confessions différentes.

L’honneur de la famille

« Mes parents ne m’ont pas posé de problème, mais ma future belle-famille ne voulait pas de moi. Voir Abigail se marier avec moi, c’est comme un déshonneur pour eux. Son père est un pasteur protestant et son grand-père le fut également », me confie Tidiani, un camarade de classe qui plus est.

Ce refus catégorique, lié au fait que Tidiani n’est pas chrétien,  les a poussés à trouver une alternative. Ensemble, ils ont décidé d’avoir un enfant, bien qu’ils ne soient pas encore mariés. Ainsi, Abigail a été renvoyée de sa propre famille et a trouvé refuge chez une de ses tantes, la seule à ne pas s’opposer à son projet mariage.

Sa famille, selon le couple, a même voulu qu’elle avorte malgré sa décision ferme de porter sa grossesse jusqu’à son terme. Si aujourd’hui le mariage n’est pas encore célébré, les deux amoureux vivent depuis quelques mois en couple dans un quartier de Bamako. Suite à leur entêtement, leur relation a finalement été acceptée par tous.

Ce cas, bien qu’il ne soit pas isolé, mérité d’être connu. Plusieurs projets de mariage de la même nature ne se concrétisent pas. C’est un véritable défi dans une société conservatrice comme la nôtre.

Dialogue entre religions

Dans l’islam, comme l’explique Amadou H. Bâ, seul le musulman est autorisé à épouser une chrétienne ou une juive. Par contre, la femme musulmane ne peut épouser un chrétien ou un juif. En termes clairs, c’est seulement un homme musulman qui peut se marier avec une femme non-musulmane et non le contraire. « La logique souhaiterait qu’il y ait la réciprocité, mais il faut tenir compte de certains éléments qui justifient la sagesse de cette interdiction pour la femme musulmane et non pas l’homme ».

Cela s’explique, selon Amadou Hampâté Bâ, par le fait que les femmes étaient rares, comme s’il faudrait y voir « un instinct de conservation d’une communauté à ses débuts ». Mais ce n’est là qu’un facteur externe, ceux profonds sont à rechercher dans la foi. Et qui parle de celle-ci, parle de croyance.

Toutefois, celui qui épouse une chrétienne a le devoir de respecter la religion de celle-ci. Elle ne peut embrasser en aucun cas la religion de son mari si elle n’est pas consentante. «Cette femme pourra donc rester elle-même, n’entendra jamais blasphémer à l’égard de son prophète. C’est tout au moins ce que prescrit la loi.», écrit Amadou Hampâté Bâ, qui appelle de tous ses vœux un dialogue entre les religions.

Pour ma part, la religion ne doit pas être un critère fondamental pour donner sa fille en mariage. Si les deux personnes qui s’aiment déjà se comprennent, il faut sceller leur union. Le mariage mixte doit être accepté de tous dans notre société. Il faut que ceux qui s’aiment soient ensemble. Cela pourrait être signe également davantage d’ouverture entre les différentes communautés religieuses.

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Les commentaires récents (1)

  1. Pourquoi imposer la religion au mariage? Quelque soit Dieu ou Allah, c’est le même Dieu que nous prions. L’amour vient de Dieu, la religion nous parle de Dieu: comment la religion peut-elle influencer l’amour entre deux Hommes?