#OnEnDiscute : à Kayes, les défis de l’éducation sexuelle des jeunes
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#OnEnDiscute : à Kayes, les défis de l’éducation sexuelle des jeunes

Sujet sensible et peu abordé dans les programmes scolaires, l’éducation sexuelle des jeunes reste un défi dans la région de Kayes, où il est rare d’en parler avec les enfants dans les familles.

La région de Kayes est à dominante peulh, soninké et malinké. Ces différents groupes ethniques sont très attachés à la religion musulmane mais également conservateurs. De ce fait, une certaine pudeur empêche de nombreux parents de parler de sexualité avec leurs enfants à la maison.

Même à l’école le sujet n’est pas évoqué. Les enseignants évitent soigneusement d’en parler sauf si le programme officiel l’exige. En général, le sujet intervient dans le programme scolaire à partir de la 6e année, avec une leçon sur les maladies en science d’observation. Là également, il n’est pas approfondit. « Avec les enfants, le sujet est assez sensible compte tenu de leur âge mais aussi de leur éducation familiale. La sexualité, on en parle brièvement en science d’observation dans la leçon sur les maladies en classe de 6e année », affirme M.K, une enseignante au primaire.

Prévenir les IST

C’est à partir de la 9e année que les élèves apprennent beaucoup de choses sur la sexualité. La reproduction est détaillée par les enseignants en sciences naturelles à travers notamment la leçon sur l’appareil reproducteur. Avant cette étape, beaucoup d’élèves méconnaissent la sexualité. Ils n’ont personnes avec qui en parler.

« À part les téléphones, les élèves n’apprennent rien sur la sexualité avec leurs parents. Un jour, il m’est arrivé d’interrompre mon cours d’anglais en 8e année pour expliquer la menstruation, car une fille avait ses règles, mais  elle n’en savait rien comme beaucoup d’autres élèves. Je craignais même qu’un conseiller pédagogique ne vienne me surprendre en train de faire cela », explique I.D, un professeur d’anglais au second cycle, à l’Académie d’enseignement de Kayes.

En classe de 9e, les élèves découvrent tout sur la reproduction par curiosité. Cette leçon semble être la plus animée des professeurs de sciences naturelles selon S. G  « Quand nous abordons l’appareil génital, les élèves sont beaucoup curieux car nous abordons une partie de leur corps. Ils suivent ce cours avec beaucoup d’attention puis posent assez de questions. Je profite aussi pour leur dire comment faire l’hygiène des appareils génitaux et comment prévenir les IST[les infections sexuellement transmissibles] »

Le poids des préjugés

Certaines ONG et projets forment des enseignants sur des notions liées à la santé de la reproduction. Mais transmettre ces connaissances acquises est un défi, car ils craignent de laisser le programme officiel pour parler d’un sujet aussi sensible.

Certains enseignants, à l’image de A.T, exerçant au centre d’animation pédagogique de RG de Kayes, ont trouvé une parade : « Lorsque j’étudie un texte dans lequel il y a un mot ou une expression connexe à la reproduction, à la sexualité, je profite pour donner des détails. Nous courrons aussi derrière le programme. »

Les obstacles ne sont pas seulement l’environnement social et le curricula d’enseignement qui n’accorde pas une place à l’éducation sexuelle. Les élèves reprennent souvent à leur compte les préjugés sociaux sur la santé de la reproduction. « En classe de 8e, nous pensions que notre professeur d’ECM était vulgaire ou un dragueur tellement qu’il nous parlait de ces sujets tabous. Mais en réalité, il n’était pas de mauvaise intention », se rappelle Korotoumou, aujourd’hui étudiante à l’Institut universitaire de gestion (IUG) de Bamako.

 Un enseignement adapté à la psychologie de l’enfant

Certains parents pensent que parler de sexualité avec les enfants les conduirait à la débauche. Ils sont surtout allergiques lorsqu’on parle de planning familial. Pour eux, la planification familiale encouragerait les jeunes à être actifs sexuellement.

« Parler de sexualité aux enfants sans une certaine pédagogie, c’est dangereux. Mais ne pas en parler,  c’est aussi très dangereux. Car on aurait pu éviter certaines grossesses prématurées, non désirées et même certaines maladies si la reproduction était abordée avec les enfants à l’école », déclare Mme Diaye, mère d’élèves.

Pour bien aborder la reproduction en milieu scolaire, il est impératif qu’on change les programmes. Actuellement, c’est uniquement en classe de terminale que la question est développée.

Toutefois, si l’éducation sexuelle est introduite dans les programmes, son enseignement doit être réservé à des enseignants qualifiés, maitrisant la pédagogie et surtout la psychologie pour ne pas heurter la sensibilité des enfants.

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Les commentaires récents (2)

  1. Bel article, il faut que ça change sinon les jeunes filles sont laissées à elles-mêmes, raison pour laquelle beaucoup de filles ont des infections sexuellement transmissible IST ou les maladies sexuellement transmissible MST.je pense l état malien doit insérer cette éducation de façon intelligente dans nos programmes d études.