Au Mali, certaines croyances veulent que le recours aux moyens de planification familiale (PF) rende les femmes stériles. Notre blogueuse a demandé l’avis des spécialistes sur la question.
Plusieurs femmes interrogées sur la question pensent que l’utilisation ou l’abus des méthodes de contraception peut causer la stérilité. Et comme tout préjugé, cette croyance est assez répandue au Mali. Ce qui pourrait expliquer la réticence de nombre de femmes vis-à-vis de la planification familiale. Mais, des spécialistes rassurent.
Selon Dr Kodio Amos, gynécologue-obstétricien au Centre hospitalier universitaire Gabriel Touré, des effets secondaires peuvent survenir après l’arrêt de la méthode de planning familial, mais cela ne rend pas stérile. «Une femme qui est sous une méthode contraceptive bien prescrite ne doit pas avoir de problèmes de fertilité liés à cela. L’usage excessif ou le mauvais usage peut être la cause des effets secondaires, qui ne causent pas l’infertilité peuvent durer quelques mois après l’arrêt de la méthode », explique le praticien.
Le gynécologue conseille aux femmes, qui désirent adopter une méthode de planification familiale, de demander l’avis des spécialistes. « L’importance de la consultation pour la contraception, c’est de savoir si la personne est à risque d’avoir des problèmes à la suite de l’utilisation d’une méthode contraceptive. Et cela déterminera quelle méthode lui convient », développe Amos Kodio.
Bien s’informer
La PF contribue à réduire la mortalité maternelle, infantile et juvénile, notamment celle liée aux grossesses non désirées et aux avortements à risque, estime Diodo Diallo, conseillère en santé de la reproduction au sein de l’ONG ASDAP ( l’Association de soutien au développement des activités de population). « Je n’ai jamais rencontré des cas de femmes que le planning familial a rendu infertiles », poursuit-elle.
La planification familiale ou le planning familial est l’ensemble des méthodes visant à contrôler ou limiter les naissances. Elle englobe à la fois les moyens de régulation de la fécondité, l’éducation à la sexualité ainsi que la prise en charge de la sphère génitale.
« En 10 ans de fonction, je n’ai jamais vu de cas de stérilité dû à la planification familiale, prévient la sage-femme Bissan Bintou Guindo, infirmière à la clinique Eden à Bamako-Coura. Par contre, je crois que c’est le fait que les femmes ne s’informent pas avant de recourir à la planification. » Certaines utilisent des contraceptifs qui sont incompatibles avec leur corps. La sage-femme ajoute : « Si une femme part directement et clandestinement se procurer des méthodes contraceptives, cela peut avoir de graves répercussions sur sa fertilité et peut même la rendre stérile car l’opération est faite hors cadre médical. C’est pourquoi, il faut toujours se rendre dans un centre de santé ou une clinique pour s’informer sur le planning familial, faire idéalement des analyses qui vont déterminer la méthode de contraception qui vous convienne. »
Espacement des naissances et non limitation
Il n’existe que deux méthodes de contraception qui sont permanentes, c’est-à-dire qui limitent les naissances : la ligature des trompes chez les femmes et la vasectomie chez les hommes. Ces deux méthodes se font uniquement à la demande de l’intéressé. Et les professionnels prennent le soin de bien informer les demandeurs sur les inconvénients.
Plusieurs actions de sensibilisation sont entreprises par les organisations humanitaires/ non gouvernementales ainsi que le gouvernement malien afin de sensibiliser la population sur la planification familiale. Mais la désinformation et les idées reçues demeurent. « Nous devons lutter contre la désinformation sur la PF en démontrant aux populations que la position du Mali en matière de PF est l’espacement des naissances et non la limitation. On peut donc avoir le nombre d’enfant souhaité. Il s’agit juste d’espacer les naissances d’au minimum 2 ans et maximum 5 ans », rassure Diodo Diallo.