Santé sexuelle et reproductive : à Kayes, les jeunes entre réticence et sous-information
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Santé sexuelle et reproductive : à Kayes, les jeunes entre réticence et sous-information

Le manque d’informations, la rareté de centres de prise en chargé dédiés et la réticence privent de nombreux jeunes et adolescents à Kayes des services en santé sexuelle et reproductive.

Au carrefour des jeunes de Kayes, le centre dédié à la prise en charge de la santé sexuelle et reproductive des adolescents est à l’arrêt. Cette cessation s’explique par un manque de ressources financières. Autrefois, il était financé par des bailleurs. Aujourd’hui, le centre est fermé et n’existe que de nom. Même la clinique qu’il abrite a fermé ses portes. De la finance à la réticence des jeunes, beaucoup reste à faire pour avoir un centre de prise en charge de la SSR, fonctionnel à plein temps, à Kayes.

Les difficultés qui ont conduit à la fermeture du centre sont de deux ordres. D’abord, il y a la réticence des jeunes qui fréquentaient peu cet établissement dédié à la prise en charge de leur santé sexuelle. Leur absence aurait découragé les partenaires financiers, qui avaient eu l’impression de jeter leur argent par la fenêtre, selon un ancien de la structure, puisque les résultats attendus n’étaient pas au rendez-vous.

Aujourd’hui âgé de 35 ans, Issiaka T. garde encore des souvenirs du centre. « Sans ce centre, je ne sais pas ce que j’allais être aujourd’hui », confie le jeune homme qui avait envisagé de se suicider. Adolescent, Issiaka avait été confronté à un problème de santé sexuelle. « J’estimais qu’en parler était une honte pour moi.» Ne pouvant pas aborder le sujet dans son entourage, il avait fait recours au centre à travers un camarade de classe. Grâce à l’assistance d’un psychologue du centre, Issiaka avait pu se remettre et accepter sa situation.

Réticence des jeunes

En plus de la réticence des acteurs concernés, les moyens financiers ont considérablement joué dans l’arrêt de l’établissement sanitaire. Pair éducateur, Mohamed Keita, également directeur de la radio Voix des jeunes,  ne cache pas son désarroi, lui qui avait fondé un espoir sur l’espace. Néanmoins, il nous a fait savoir que depuis quelques années les pairs éducateurs se débrouillent comme ils peuvent pour mener certaines activités pour orienter les jeunes vers les services SSR.

Selon M. Keita, les jeunes sont moins sensibilisés sur les services SSR dans la région de Kayes. Ce qui complique davantage leur prise en charge. Ce manque de sensibilisation est un handicap, quant à l’orientation des jeunes vers les centres de santé sexuelle. « C’est à un moment où leur santé se détériore que certains jeunes, qui souffrent de maladies sexuelles, décident d’aller vers les centres de soin pour leur prise en charge. Des fois, à un stade avancé. C’est un vrai souci !», déplore l’homme de média.

Contrairement à la clinique, le centre de soins de l’antenne de l’Association malienne pour la protection et la promotion de la famille (AMPPF) fonctionne toujours. Depuis des années, elle tente d’offrir aux jeunes les services SSR, même dans les zones reculées et difficile d’accès. Avec une clinique mobile, l’AMPPF va à la rencontre des jeunes en milieu rural.

Campagnes de sensibilisation

Malgré tout, elle est confrontée à une faible mobilisation des jeunes sur les questions de santé sexuelle. « Au-delà de notre clinique mobile, les jeunes ne fréquentent pas notre centre de santé pour être orientés », affirme Safiatou Sidibé, responsable de l’antenne  AMPPF de Kayes.

Pour briser cette barrière, elle suggère que de vastes campagnes de sensibilisation soient menées en impliquant les jeunes au premier plan. Cela peut aider à briser les barrières et remettre les jeunes en confiance, suggère-t-elle.

Cependant, il faut souligner que peu de jeunes acceptent de parler du sujet. D’où la nécessité d’agir et d’accentuer les initiatives pour recueillir l’adhésion des jeunes aux services SSR. A la direction régionale de la santé de Kayes, nous n’avons pas pu avoir d’informations sur la santé sexuelle reproductive des jeunes. Le responsable en charge de la planification familiale n’était pas disponible.


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