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Les troubles de la sexualité : et si on en parlait ?

Méconnus par bon nombre de personnes, les troubles sexuels sont récurrents avec des conséquences énormes sur l’épanouissement du couple.

Les troubles sexuels se caractérisent par une perturbation dans l’accomplissement de l’acte sexuel. La perturbation peut être liée au désir, à l’excitation, à l’orgasme ou se manifester comme une douleur. « On peut parler de trouble de la sexualité lorsque dans un couple, il y a des difficultés à ce que la relation sexuelle puisse se faire normalement », explique Dr Mamadou Sima, gynécologue obstétricien à l’hôpital du Point G.

Selon ce spécialiste, le trouble de la sexualité se manifeste différemment selon les couples. Les manifestations nécessitant une consultation sont assez souvent un trouble du désir. Ce qui est plus fréquent chez l’homme, c’est « le dysfonctionnement érectile et les troubles d’éjaculation », ajoute le spécialiste. Tandis que chez la femme, le trouble se manifeste par « l’absence de désir. Elle participe à l’acte sexuel mais elle n’éprouve aucune envie parce que le côté plaisir est absent ou elle éprouve de la douleur, ce qui crée de l’angoisse chez elle. » 

Un homme affecté sur trois

Les troubles sexuels peuvent être précoces, retardés ou inexistants. Il y a d’autres troubles affectant notamment la libido. Le problème érectile touche au moins un homme sur trois, à partir de 40 ans ou précocement, à moins de 40 ans. « Autant la survenue du trouble sexuel chez l’homme peut entrainer une répercussion sur le couple autant la relation du couple peut aussi avoir une répercussion sur les troubles sexuels », affirme Dr Honoré Berthé, chirurgien urologue à l’hôpital du Point G.

Quand la satisfaction sexuelle n’est pas au rendez-vous, le couple bat de l’aile. C’est un phénomène de société qui prend en compte beaucoup d’aspects, notamment la polygamie. « Les femmes interprètent dans ce cas la difficulté chez l’homme comme une injustice. Chaque femme suppose qu’il mène une activité sexuelle épanouie avec l’autre et pas avec elle. Le monsieur peut avoir des problèmes, mais il ne sera pas compris. Ce qui entraine des tensions dans le couple pouvant conduire au divorce. J’ai plusieurs fois été interpellé par les parents de ma première épouse qui m’accusaient de favoriser la deuxième sur le plan sexuel», témoigne Samba Keïta, polygame, la quarantaine révolue. Lorsque c’est la femme, l’homme aussi a tendance à croire à une infidélité, surtout au sein d’un couple jeune.

« Panne sexuelle »

« Je n’ai que 28 ans, pourtant j’ai un problème de lubrification lors de l’acte, et je lis la déception sur le visage de mon mari », se confie Bintou N’diaye. Depuis six mois, la jeune femme avoue utiliser des produits pour pallier ce problème. Elle n’a jamais pensé à aller se faire consulter pour cette raison.

« Quand il y a souci d’éjaculation précoce-parce qu’il y a la fougue de la jeunesse- chacun veut dominer l’autre et lorsque cet incident survient, certaines femmes s’en servent contre l’homme, ce qui nous amène à l’utilisation de moyens non recommandés au lieu d’en parler ouvertement », admet  Boureïma Sylla, jeune marié.  

Or, la courbe de la fonction sexuelle ne va pas rester haute toute notre vie. Elle évolue en fonction de l’âge.  « A partir de la quarantaine, l’effet des activités, les stress de la vie font qu’un homme fasse une panne sexuelle. Sa partenaire est demandeuse de l’acte et il ne sera pas en mesure d’y répondre ou bien pas au rythme habituel puisqu’il est fatigué physiquement et sexuellement », informe Dr Sima.

La communication comme remède

Il est bien de noter que toute consultation concernant un dysfonctionnement sexuel nécessite d’explorer la dimension relationnelle du couple, car le symptôme sexuel n’est pas un symptôme comme les autres ; il concerne deux personnes. « Le comportement sexuel à l’instar de beaucoup d’autres est un mode de communication, conseille Dr Sima. Toute caresse, tout enlacement, mais aussi tout déboire sexuel est porteur de message. Il est essentiel de comprendre les dysfonctions sexuelles à la lumière du couple et d’évaluer les conséquences du symptôme chez le partenaire»,.

Pour une sexualité épanouie, des spécialistes recommandent une bonne communication au sein du couple, un environnement familial, social et psychologique adéquat.


  • Ce reportage est publié avec le soutien de JDH et FIT en partenariat avec WILDAF Mali et la coalition des OSC/PF.

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