Bamako : protéger les piétons, ces usagers vulnérables
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Bamako : protéger les piétons, ces usagers vulnérables

Dans un environnement routier dense et risqué, à Bamako, les piétons sont exposés à tous les dangers possibles.

Les routes, dans la capitale malienne, sont fortement dominées par une présence de plus en plus accrue d’engins motorisés et de tous types de véhicules. Partant, être piéton n’est plus aussi simple qu’il y a quelques années, où la circulation n’était pas si dense.

Les piétons sont désormais en danger dans un espace routier de plus en plus risqué. « Au sens du code la route, un piéton est une personne qui se déplace à pied dans la circulation, en courant ou en marchant », explique M. Mohamed Diamoutènè, moniteur d’auto-école. Sans présence de dispositif pour les protéger directement des chocs en cas de collision, par exemple, les piétons sont très exposés dans la circulation et constituent des usagers vulnérables.

Imprudence sur les routes

Les chiffres sont alarmants. Au Mali, en 2019, selon les données issues du bilan des accidents corporels dans le district de Bamako, il a été recensé 801 cas de collisions entre piétons et autres usagers de la route (deux et trois roues motorisées, véhicules légers, transports collectifs, véhicules poids lourds).

Par ailleurs, 845 piétons, soit 11,77%, étaient impliqués dans les accidents de la route avec un taux d’implication de mortalité de 21,32 %. On recensait 42 personnes tuées, 307 blessés graves et 406 blessés légers. Des données du ministère des Transports et des Infrastructures faisaient état, en 2020, de près de 1687 cas d’accidents de la route ayant fait 1730 blessés et 67 piétons tués.

Le moins qu’on puisse dire est que les piétons sont coupables d’imprudence dans la circulation à Bamako. On en rencontre des cas au quotidien : des véhicules qui freinent brusquement devant des piétons impatients, abordant brusquement la route sans attendre que la voie se dégage ; des piétons observant de loin des véhicules arriver vers eux, attendant qu’ils soient à leur proximité pour s’engager sur la route ; des enfants allant ou revenant de l’école, pressés et qui s’engagent directement sur la route sans précaution ; des piétons qui s’engagent sur la route en espérant que les autres usagers s’arrêteront en les voyant. Autant d’exemples qui illustrent l’imprudence de certains piétons sur les routes à Bamako.

Pour ce motocycliste, les arrêts spontanés des minibus sotrama exposent davantage les piétons sur les routes. Mariam, une habituée des minibus sotrama à Bamako, déplore que ceux-ci s’arrêtent souvent au beau milieu de la route, dans les situations d’embouteillages ou en arrêt de feu tricolore pour faire descendre ou embarquer à la va-vite des passagers. Ces derniers doivent veiller, dès lors, à se faufiler entre les véhicules et éviter de se faire renverser.

Absence d’aires piétonnes

Selon Mohamed Coulibaly, chauffeur de taxi, le phénomène en mode de port des écouteurs et d’utilisation du téléphone chez les jeunes n’est pas pour arranger la situation : « Il y en a qui, dit-t-il, concentrés sur leur téléphone, croient être en bordure de route alors qu’ils sont arrêtés sur les chaussées. Et même à coup répétitif de klaxons, on n’arrive pas à attirer leur attention. Et sans faire preuve de vigilance, on peut facilement heurter ces personnes ».

Cet autre automobiliste explique : « Certains piétons se positionnent devant ou derrière des véhicules arrêtés en bordures de route en cherchant à traverser la voie. L’étendue de la visibilité étant dès lors réduite pour voir les différents sens de la circulation, ils tentent malgré tout de traverser et sont surpris par des véhicules qui les rencontrent brusquement. »

« La vérité aussi est que lorsqu’on est à pied à Bamako, on n’est pas respecté », dénonce Moussa Koné, un quinquagénaire qui fait ses déplacements à pied. « On est intimidé à longueur de journée en circulation. Il y a de ces conducteurs qui, juste pour effrayer, redoublent de vitesse et se dirigent vers un piéton qui tente de traverser la route » ajoute M. Koné.

En l’absence d’aires piétonnes praticables sur nos routes, il est important que les autres usagers de la circulation fassent preuve de civisme en adoptant des comportements de tolérance envers les piétons : en ralentissant ou en s’arrêtant pour leur céder le passage ; en roulant à une moindre vitesse dans des zones de forte présence piétonne (écoles, marchés, etc. ).

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