Sécurité routière : pourquoi instaurer le permis de conduire à points
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Sécurité routière : pourquoi instaurer le permis de conduire à points

Détenir un permis de conduire ne devrait pas être un acquis définitif, mais un droit à garantir, à préserver et à mériter tous les jours. Pour faire face à l’insécurité routière, il faudra aller vers l’application de solutions innovantes. L’instauration du permis de conduire à points est l’une des mesures utiles à prendre dans ce sens.

Le constat est alarmant. La route continue de tuer. Chaque année, le Mali enregistre des milliers d’accidents de la circulation avec des centaines de morts et de blessés. Rien qu’en 2021, l’Agence nationale de la sécurité routière (ANASER) a dénombré 10 614 cas d’accidents pour 736 décès et 9052 blessés. Face au fléau, il faudra agir en prenant des mesures plus efficaces. Nos routes doivent devenir plus sûres, moins dangereuses et meurtrières. L’une des mesures innovantes à adopter, pour ce faire, pourrait être l’instauration du permis de conduire à points.

Le permis de conduire à points est un type de permis qui accorde à son détenteur un capital de points (12 points au maximum). A chaque infraction reconnue comme telle et pénalisante en la matière, le conducteur subit un retrait de points sur son permis. Certaines infractions peuvent coûter un retrait de 2 à 6 points d’un seul coup.

Lorsqu’au fil des infractions, un conducteur vient à perdre la totalité de ses points disponibles, il perdra ainsi son permis et il lui sera interdit de conduire durant une période réglementaire de sursis. Des points perdus peuvent être récupérables si le conducteur fait preuve de bonne conduite au bout d’un temps indiqué et ne se rend pas coupable d’autres infractions dans ce laps de temps. Il peut également passer par un stage dit « de récupération », où il devra suivre des cours sur les aspects du code de la route, les comportements sécuritaires en conduite, etc.

Après la période de stage, le conducteur peut donc regagner des points perdus. Le stage a un coût qui sert, en quelque sorte, d’amende dissuasive. Ces explications-ci sont issues en substance du cas d’expérience de la Côte-d’Ivoire, où le système de permis de conduire à points est en vigueur depuis le 1er mars 2023.

Plus de sérénité et de sécurité sur les routes

Le permis de conduire à points vise à responsabiliser les conducteurs et prévenir contre l’incivisme sur les routes. Pour Mohamed Diamoutènè, moniteur d’auto-école, le principe est très clair : « Pour ne pas subir des retraits de points sur son permis de conduire et le perdre, les conducteurs pourraient être plus incités à tenir une conduite responsable sur la route en évitant au mieux de causer des infractions. »

Moins d’infractions (violation des feux tricolores, dépassement abusif, excès de vitesse, conduite sous alcool ou stupéfiants, etc.) permet d’assurer plus de sérénité et de sécurité sur les routes. Pour lui, au lieu d’être juste soumis à un paiement d’amendes, dont le montant ne pose forcément pas de problème à certains, la menace de perdre son permis de conduire et ainsi le droit de circuler sur la route pendant une assez longue période, incite à plus de vertu et de responsabilité dans la conduite.

De même, un conducteur coupable d’infractions, qui se voit retirer des points sur son permis de conduire, pour ne pas le perdre, se retiendra de récidiver. « La propension de beaucoup d’usagers de la route à fouler au pied, au quotidien, les règles du code de la route s’en trouvera fortement réduite », pense cet automobiliste s’exprimant sur les bienfaits de l’instauration d’une telle mesure au Mali. Le permis de conduire à points permet à la fois de sanctionner les comportements dangereux sur les routes et décourager ainsi les plus récalcitrants à récidiver.

De plus, l’instauration du permis de conduire à points s’offre comme solution pour remédier à la pratique de magouille tant décriée, autour de la délivrance du permis de conduire au Mali. Dans le pays, il devient de plus en plus possible de ne nul avoir besoin de savoir conduire et passer par les différents tests d’aptitudes prévus pour l’obtention du permis, quand on peut juste payer des dessous-de-table. Le permis de conduire à points permet ainsi de remettre perpétuellement en cause la capacité de son détenteur à le détenir.

Mesures d’accompagnement

L’instauration du permis de conduire à points au Mali ne pourrait être une réussite sans mener d’autres actions conjointes. Il s’agira, entre autres, pour éviter toute décision arbitraire de la part des policiers ou accentuation de la corruption, de mettre en place des moyens technologiques qui permettent de constater objectivement les infractions. L’enjeu est de taille et le risque de perdre son permis de conduire pendant une assez longue période ne doit pas être pris à la légère. Il faut donc plus de rigueur dans la définition de la pénalisation des infractions et éviter que ce ne soit une occasion d’offrir plus de pouvoirs et de moyens aux agents chargés de réguler la circulation routière pour brimer ou faire du chantage aux usagers de la circulation.

En Côte d’Ivoire par exemple, les infractions sont uniquement détectées par un système de vidéo-verbalisation mis en place dans le pays ou par des agents verbalisateurs munis de terminaux reliés à la base de données du ministère des Transports, où une équipe spéciale y veille. Dès qu’il a été constaté et prouvé que le conducteur a commis une infraction, le retrait de points s’opère.

Pour plus de sécurité sur nos routes, le Mali peut s’inspirer du cas ivoirien qui constitue véritablement une innovation majeure dans notre sous-région en matière de renforcement des mesures de sécurité routière.

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