Les algorithmes des réseaux sociaux sont programmés pour décider du contenu à afficher sur le fil d’actualité de chaque utilisateur. Certaines études ont montré que ces algorithmes favorisent les informations sensationnelles et les fausses nouvelles.
D’après les données du Mali–Mètre 2023, 27% des Maliens s’informent via Facebook, 36% via WhatsApp et 15% via TikTok. Les Maliens sont aussi très actifs sur la plateforme X (anciennement Twitter). Bien que l’accès à ces réseaux sociaux soit gratuit, ils vendent de l’audience. Comme le dit le dicton, « Si c’est gratuit, c’est toi le produit ». C’est grâce à leurs algorithmes que ces plateformes génèrent des revenus, même au prix de la propagation des fausses informations.
Le dictionnaire Larousse définit un algorithme comme un « ensemble de règles opératoires dont l’application permet de résoudre un problème énoncé au moyen d’un nombre fini d’opérations. Un algorithme peut être traduit, grâce à un langage de programmation, en un programme exécutable par un ordinateur. » Les algorithmes des réseaux sociaux sont donc programmés pour décider du contenu à afficher sur le fil d’actualité de chaque utilisateur. Ils examinent les catégories de contenu que vous préférez, commentez et partagez, et vous proposent les contenus qui leur ressemblent. Si vous avez l’habitude d’interagir fréquemment avec des vidéos de cuisine, vous en verrez plus. La même chose si vous lisez régulièrement les publications de tel homme politique ou de tel influenceur.
Priorité à l’engagement et à la viralité
Les algorithmes des plateformes de médias sociaux visent à maximiser l’interaction des utilisateurs. Ils cherchent principalement à garder les utilisateurs engagés sur la plateforme pour augmenter les revenus publicitaires. Les informations les plus sensationnelles, souvent fausses, captivent l’attention plus facilement que les informations vérifiées et nuancées.
Le Wall Street Journal a obtenu des rapports internes de Facebook, révélant que l’algorithme de la plateforme favorise la propagation de contenus nuisibles et de fausses nouvelles. Une recherche menée par le Massachusetts Institute of Technology (MIT), en 2018, a découvert que les fausses informations se diffusent six fois plus rapidement que celles vérifiées.
Nécessité d’une approche intégrée
Les algorithmes des plateformes de médias sociaux présentent un obstacle important en matière de transparence, rendant difficiles la régulation et la modération du contenu. En 2020, Meta a instauré un Conseil de surveillance afin de passer en revue des décisions de modération, mais son effet demeure limité. Depuis qu’Elon Musk est devenu le patron de X, la modération a été moins stricte, entraînant une hausse des discours haineux et de la désinformation. Bien que TikTok utilise à la fois des algorithmes et des modérateurs humains, il est critiqué comme n’étant « pas à la hauteur en matière de transparence dans la lutte contre la manipulation de l’information ».
Pour Fanta Barry, vice-présidente du chapitre malien de l’Internet Society (ISOC Mali), les plateformes ont peur de limiter la liberté d’expression et de voir leur nombre d’utilisateurs diminuer, ce qui rend la modération plus compliquée. Elle recommande que les gouvernements africains mettent en place des législations spécifiques et travaillent avec les plateformes et les experts locaux afin d’organiser des campagnes de sensibilisation et de formation sur la meilleure façon de contrer les défaillances des réseaux sociaux.