Depuis plus de 48 heures, des web-activistes parlent de la saisie de plus de 150 drones de combat par les douanes nigérianes à l’aéroport international Murtala Muhammed. Or, il ne s’agit pas d’une saisine unique, mais de toute l’année 2023. Nous vous expliquons.
Dans le texte texte, en vidéo en français et dans les langues nationales, notamment le bamanankan, des utilisateurs avec une grande audience sur les réseaux sociaux font croire à une saisine importante de drones de combat dans un aéroport au Nigeria. Ils expliquent qu’il s’agit de drones de combat venus de pays occidentaux, « destinés aux groupes terroristes dans le Sahel ».
Plusieurs fois, des photos, vidéos ont été détournées de leur contexte et présentées comme la preuve de la complicité de pays occidentaux avec les groupes dits terroristes. Des autorités politico-militaires des trois (Burkina Faso, Mali et Niger) reprennent à leur compte régulièrement ces accusations. En août 2022, le Mali a saisi le Conseil de sécurité des Nations unies pour présenter ce qu’il considère comme étant des preuves du soutien de la France aux groupes qualifiés de terroristes sur son sol.
Bilan d’un exercice annuel
Sur cette page nommée PSA TV, la vidéo d’annonce de la saisine des drones cumule des milliers de vues et nos recherches nous ont permis de découvrir que plusieurs pages, comptes ont repris sur Facebook (voir capture d’écran) et YouTube.
Une rapide recherche avec les mots-clés « douanes du Nigeria, drones de combats » nous a permis de rassembler des précisions sur cette information. L’information a été donnée par le journal The Sun, le 6 janvier 2024. Quelques jours plus tard, elle est reprise par plusieurs médias et sites d’informations comme Actu Cameroun ou ce média Horizon News. Le site de l’association internationale des douaniers francophones (AIDF) a aussi repris l’information. Tous, en citant The Sun, ont précisé qu’il s’agit du bilan de tous les objets saisis sur l’année 2023. Il n’a jamais été question de drones de combat destinés au Sahel.
En clair, il s’agit de la saisie de toute l’année 2023 par les douaniers de l’aéroport international Murtala Muhammed. Ces drones n’ont pas été saisis en un lot, mais représentent le bilan d’un exercice annuel, celui de 2023. Les responsables de la douane ont expliqué que le Nigeria autorise « les drones de 250 grammes », mais les drones saisis pèsent environ 5 000 grammes. Ils peuvent voler « plus de 70 heures et disposent d’un espace pour le maniement des armes », ce qui expliquerait l’interdiction de leur entrée sur leur territoire.