Côte d’Ivoire : et si on parlait de la précarité menstruelle ?
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Côte d’Ivoire : et si on parlait de la précarité menstruelle ?

La précarité menstruelle se définit comme étant la difficulté d’accès pour les femmes aux protections hygiéniques. La principale cause de la précarité menstruelle est le coût des kits d’hygiène menstruelle.

On parle très peu de ce fléau que constitue la précarité menstruelle. Pourtant, il a de graves conséquences sur la vie sociale des femmes d’une part, et sur la santé reproductive de ces dernières d’autre part.

La précarité menstruelle touche des centaines de millions de femmes à travers le monde. Selon une étude, publiée le 22 février 2019 par la Fédération internationale de gynécologie et d’obstétrique (FIGO),  près de 500 millions de femmes dans le monde n’auraient pas les moyens de se procurer régulièrement des protections hygiéniques. Les menstrues font partie intégrante de la vie de la femme. Et aucune femme ne devrait avoir à se soucier de sa prochaine protection hygiénique.

Depression et exclusion sociale

En raison du caractère intime des menstrues, les femmes qui vivent dans une situation de précarité menstruelle font le choix de se taire. Elles vivent leur mal en silence, enveloppées de honte. Cette situation  peut conduire à la dépression et dans certains cas à l’exclusion sociale.

Un rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) indique qu’une fille sur dix, dans de nombreuses régions de l’Afrique subsaharienne, ne va pas à l’école pendant son cycle menstruel. Ce qui correspond à 20 % du temps scolaire perdu sur une année. Certaines abandonnent complètement l’école lorsqu’elles ont leurs règles, parce qu’elles n’ont ni protections hygiéniques ni accès à l’eau ou à des soins sanitaires.

Risque d’infection

Anne-Marie K. a vécu dans la précarité menstruelle pendant son adolescence. « Je viens d’une famille modeste. Quand j’ai eu mes premières règles, personne ne m’a appris à me protéger. Je me suis débrouillée comme je pouvais. J’utilisais des morceaux de pagne. Parfois, quand je restais trop assise en classe, je me retrouvais avec une tache de sang sur la jupe. J’étais toujours stressée quand j’avais mes règles », raconte-t-elle.

Les femmes en état de précarité menstruelle utilisent des protections non appropriées. Une mauvaise ou inadéquate protection hygiénique peut entrainer des infections gynécologiques. Démangeaisons, infections, mycoses vaginales, sont entre autres maladies qui touchent ces femmes. Par manque de moyens, certaines choisissent de garder plus longtemps leur protection. Le port prolongé des protections hygiéniques, tels que les tampons, peut provoquer des infections et des douleurs. Il peut déclencher le syndrome du choc toxique, qui est parfois mortel ou lourdement handicapant.

Bouffée d’oxygène

Au regard des conséquences de la précarité menstruelle, il est impérieux de trouver des solutions concrètes pour éradiquer ce fléau. En Côte d’Ivoire, de nombreuses organisations féminines ont mis au cœur de leurs actions la lutte contre la précarité menstruelle. Elles procèdent à la distribution gratuite de protections hygiéniques. En terre d’éburnie, la question des menstrues demeure un sujet tabou. Et très peu de parents osent aborder la question avec leurs filles.

En général, les protections hygiéniques coûtent environ 500 francs CFA. Sans soutien, les jeunes filles ne peuvent pas s’en procurer. Dans un pays où le seuil de pauvreté se situe à 737 francs CFA, s’offrir une protection hygiénique dans certaines familles est un luxe. La distribution gratuite des protections hygiéniques qu’offrent les organisations aux jeunes filles est une véritable bouffée d’oxygène.


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