Notre société enregistre de plus en plus de divorce entre les couples. Si cela joue sur les deux parties, l’impact sur les enfants est nettement plus important. Ces derniers sont souvent obligés de subir le choix de leurs parents.
Quand un enfant naît dans un mariage, il est éduqué par ses deux parents. Il peut s’épanouir lorsque ses parents s’entendent. Du jour au lendemain, voir ses parents séparés, c’est-à-dire dans des maisons différentes, des vies différentes, cela peut s’avérer difficile pour lui.
Dans de nombreux cas, les parents ne pensent pas immédiatement au bien de l’enfant avant de prendre certaines décisions. Ils pensent chacun à leurs raisons et leurs souffrances. Et l’enfant perdra tous ses repères. La frustration de ne plus être avec les deux parents est énorme. L’enfant perd toutes ses habitudes. C’est comme s’il doit réapprendre à vivre.
Les laissés-pour-compte
Selon des statistiques annuelles, environ 140.000 cas de divorce ont été enregistrés en 2018 au Mali. Dans la plupart des cas de divorces, on constate qu’il ne s’agit pas de divorces à l’amiable. La plupart du temps, la séparation est émaillée de conflits. Les deux parents se tiraillent soit à propos de biens matériels, soit pour la garde des enfants. Pendant ce temps, les vraies victimes (les enfants) sont les spectateurs impuissants. On ne remarque pas forcement la vie familiale et émotionnelle de l’enfant. Après plusieurs tentatives, certains parents préfèrent divorcer plutôt que de rester dans un couple toxique.
Entre le marteau et l’enclume
Dans la majorité des divorces au Mali, lorsque l’enfant a dans les 16ans ou 17ans, il peut décider avec qui vivre. Même si ce n’est pas imposé par la loi, il se retrouve donc forcé de faire un choix. Ce choix n’est jamais évident, car il aime ses deux parents. Quand l’enfant est en mesure de faire ses propres choix au moment de la séparation des parents, ces derniers l’y soumettent, sans même penser qu’ils sont en train de le détruire psychologiquement.
Aucun enfant ne devrait subir ces moments difficiles. « Mes parents ont divorcé quand j’avais 17 ans. Cela a beaucoup joué sur moi, car j’étais habituée à vivre avec les deux, dans une ambiance familiale très confortable. Du jour au lendemain, j’ai vu mon monde s’écrouler comme un château de cartes. Je ne m’étais rendue compte de rien. Je n’avais jamais assisté à une quelconque dispute entre mes parents », nous explique Fanta Dial, aujourd’hui mariée et mère de deux enfants. Puis, elle poursuit : « Cela fut un choc pour moi quand mon père m’a demandé de partir avec lui après la séparation. Il me mettait dans une situation particulière, car j’étais leur enfant unique. Mon choix fut de rester avec ma mère, car je me disais que si jamais mon père décidait de se remarier, je ne serais peut-être pas bien acceptée par sa nouvelle femme. »
Cette décision a provoqué plusieurs mois d’impasse avec son père, ce dernier n’arrivant pas à comprendre son choix. Rares sont les enfants qui se plaisent à être confrontés à un choix entre leurs parents, car les deux occupent une place très spéciale dans leur cœur, comme dans sa vie de tous les jours.
Quand il faut le faire
Dans certains cas, aussi, le divorce devient une solution de force majeure. Alors, il devient un soulagement et pour les enfants et pour les parents. Amina, dont les parents ont divorcé quand elle n’avait que 12 ans, confie : « Mes parents s’agressaient physiquement tout le temps. L’atmosphère familiale était devenue un vrai enfer. Impuissants face à cette situation, mon petit frère de 5 ans et moi nous mettions à pleurer et à appeler à l’aide. Le jour où notre mère nous a annoncé qu’on allait partir de la maison, j’étais plus soulagée que triste ».
Prenons le temps de nous connaitre avant de nous engager. Le mariage est censé durer pour la vie. Donc, prenons le temps de nous aimer et de nous accepter tels que nous sommes avant de mettre à l’eau toute une vie construite. Surtout, sachons que cette séparation peut avoir de graves impacts sur la vie sociale et psychologique de l’enfant.