Après l’accouchement, certaines femmes font un cadeau à leur sage-femme en guise de reconnaissance. Mais cela n’est pas obligatoire. Cette marque de reconnaissance est souvent confondue avec une certaine corruption.
Dans l’exercice de leur métier, les sages-femmes sont souvent accusées de corruption, surtout lorsqu’elles reçoivent de cadeaux de la part de parturientes qu’elles ont aidées à accoucher. Pourtant, les femmes satisfaites des services des sages-femmes, de leur propre gré, leur font des petits cadeaux. Certains usagers des maternités voient cela d’un mauvais œil.
« Les gens n’ont pas compris. Certaines personnes confondent reconnaissance et corruption ou favoritisme dans notre milieu », explique Madame Samaké Mariam Sangaré, maitresse sage-femme au Centre de santé communautaire (CSCOM) de Yirimadio, en commune VI du district de Bamako.
Reconnaissance
Durant ses vingt ans de service, Samaké Mariam Sangaré a reçu plusieurs cadeaux de la part de femmes qu’elle a fait accoucher. « La reconnaissance entre parturiente et sage-femme ne date pas d’aujourd’hui. C’est un service qui existe depuis le temps des accoucheuses traditionnelles. Nous pouvons recevoir de certaines de nos patientes des présents comme des pagnes, de la viande et même de l’argent. C’est volontaire, nous ne leur imposons rien », précise la sage-femme.
Kadidiatou Mariko, qui a connu quatre maternités, trouve tout à fait normal de faire des gestes aux sages-femmes qui se battent pour aider les femmes à accoucher. Pour elle, aucun honneur, aucun cadeau ne peut récompenser le travail d’une sage-femme. « Imaginez cette personne qui vous suit, vous et votre futur bébé, vit vos nuits blanches. Elle n’a de repos que quand vous êtes tranquilles. Elle Met tout en œuvre pour vous garder en vie lors de l’accouchement. », témoigne cette mère.
Prise en charge sans conditions
Les présents offerts aux sages-femmes après délivrance est une longue tradition au Mali. Mais de plus en plus dans les structures sanitaires, certaines professionnelles de santé maternelle font des cadeaux une « obligation ». C’est un critère préalable pour être suivie par telle ou telle autre sage-femme. Une mère anonyme témoigne avoir reçu une proposition de suivi d’une sage-femme du centre de santé de Yirimadio, contre « un pagne et 5 000 francs CFA » à offrir après l’accouchement.
Beaucoup de femmes enceintes adhérent à de telles propositions, afin de bénéficier d’une bonne prise en charge. Ce qui est pourtant censé être le rôle des sages-femmes. A mon avis, ce phénomène devrait être banni des services sanitaires pour garantir à toutes les femmes enceintes une prise en charge adéquate et sans conditions.