Entre difficultés économiques et manque de personnel qualifié, les obstacles à la pratique contraceptive nécessitent un investissement national massif pour atteindre les objectifs en matière de planification familiale (PF), à l’horizon 2030.
La campagne nationale de promotion de la PF a démarré depuis le mois de juillet au Mali. Pendant deux mois (juillet-août), les services en santé de la reproduction sont gratuits dans tous les centres de santé du pays. En plus de l’offre gratuite de moyens de contraception, il y a également le dépistage du cancer du col de l’utérus et du sein qui sont proposés gratuitement au cours de la 16e édition de la campagne nationale pour la promotion du planning familial. 1 153 853 nouvelles utilisatrices sont visées à l’issue de la campagne.
Initiée depuis plus d’une décennie, la stratégie vise à accroitre le nombre d’utilisatrices de méthodes modernes de contraception au Mali. Le pays détient l’un des taux de prévalence contraceptive les plus bas en Afrique de l’Ouest. La demande potentielle y est encore forte, malgré les progrès des dernières années. On estime à 23% le nombre de femmes désirant espacer leur naissance d’au moins deux ans, mais qui n’utilisent aucune méthode moderne de contraception ( EDS VI).
L’offre non conforme à la demande
Au Mali, on est encore loin de la gratuité des services de santé de la reproduction et de la planification familiale. Des difficultés économiques figurent en bonne place des problèmes que rencontrent les femmes pour accéder aux services contraceptifs. Malgré les efforts des autorités du pays, qui envisagent d’allouer 10% du budget national à l’achat de produits contraceptifs, l’offre n’est pas conforme à la demande, à cause notamment de difficultés logistiques et du déficit de prestataires de santé de la reproduction.
Il faudra investir massivement dans la formation de personnels, d’animateurs et relais communautaires. Et rendre gratuits, pendant au moins une décennie, les services de planification familiale à travers tout le pays, avec une large couverture des zones rurales. C’est une stratégie pour toucher les populations des zones éloignées, qui n’ont pas accès aux services de qualité et n’ont pas les moyens économiques pour adopter une méthode moderne de planification.
« Taxe PF »
C’est aussi une manière de convaincre les indécis à franchir le pas, sans le moindre coût. Pour se faire, il faut une diversification des sources de financement de la planification familiale au Mali, notamment par les collectivités et le secteur privé. Il faut bien une conjugaison des ressources pour réussir ce pari. L’État seul ne pourra pas assurer ce financement dans la durée. Il faudrait, peut-être, envisager une « taxe PF » dans les collectivités. Et sur les ressources minières du pays.
Pour le moment, au Mali, le financement des produits de planification familiale est assuré à hauteur de 75% par des partenaires techniques et financiers comme le Fonds des Nations unies pour la population ( UNFPA) et l’Agence des États-Unis pour le développement international ( USAID). Au regard des défis qui se posent au pays en termes de contrôle démographique, il est impérieux de trouver des sources alternatives locales au financement de notre politique de population.