Pour beaucoup de personnes, il est inconcevable de parler de viol entre conjoints. Pourtant, dans un couple, l’un des partenaires peut bien subir des violences conjugales de la part de l’autre.
Le viol est tout acte par lequel une personne est contrainte à un acte sexuel sans son consentement. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit les violences entre partenaires comme « tout comportement au sein d’une relation intime qui cause un préjudice ou des souffrances physiques, psychologiques ou sexuelles aux personnes appartenant à cette relation, y compris des actes d’agression physique, des rapports sexuels forcés, entre autres formes de coercition sexuelle, de la violence psychologique et des comportements autoritaires ou tyranniques. »
Toutefois, le viol conjugal est une question taboue dans la société malienne. Pour beaucoup, c’est un devoir conjugal pour la femme que d’accepter tout ce que son mari lui demande. Certains parents s’offusquent même lorsqu’ils apprennent que leur fille refuse le lit à son mari. Comme le père d’Alimatou qui, lorsque son beau-fils est allé se plaindre auprès de lui, était surpris : « C’est le comble ! Un homme doit-il courir derrière sa femme dans sa propre chambre pour avoir des relations sexuelles avec elle ?».
« Le viol était mon quotidien »
La notion de « devoir conjugal », mal comprise , fait des centaines de victimes chaque année. Salimata, la trentaine, n’a connu que le viol conjugal comme relation d’intimité entre elle et son mari. Elle devait « supporter » son mari pendant plusieurs années avant de s’extirper de cet enfer par le biais du divorce. « Le viol était mon quotidien. Même étant alitée ou en période de menstrues, mon mari me forçait à coucher avec lui. Son seul objectif, c’était de satisfaire sa libido. Chaque fois, j’avais des douleurs au niveau de mes parties intimes », confie-t-elle.
Le Code pénal malien condamne le viol dans son article 226, mais ne dit explicitement rien sur le viol conjugal. « Le viol sera puni de cinq à vingt ans de réclusion et facultativement de un à cinq ans d’interdiction de séjour », stipule le Code. Toutefois, la société semble légitimer les violences conjugales.
Rapports consentis
La victime n’a jamais raison. Salimata l’a apprise à ses dépens lorsqu’elle a porté plainte pour « violences conjugales ». « J’ai été au tribunal pour demander le divorce. Ils ne l’ont pas accepté à cause de la violence conjugale, mais plutôt parce que mon conjoint ne prenait pas soin de moi, selon la loi », regrette-t-elle.
L’islam, la religion dominante au Mali, ne fait pas explicitement cas de viol conjugal mais défend des rapports consentis entre conjoints. « Le Coran parle plutôt de devoir conjugal. Ce devoir doit être accompli dans le respect de l’autre, sans violence », précise Darhamane Maiga, imam basé à Bamako.