A l’horizon 2023, le Mali table sur une prévalence contraceptive de l’ordre de 30%. Un objectif ambitieux au regard des progrès particulièrement lents enregistrés ces dernières décennies, en matière de planification familiale, notamment en milieu rural. Le renforcement du leadership local contribuera à gagner le pari.
Les obstacles sont connus : pesanteurs socioculturelles ; une faible offre contraceptive ; des professionnels en sous nombre et peu qualifiés et des infrastructures inadaptées aux usagers, majoritairement composés de jeunes et d’adolescents.
C’est dans le milieu rural, qui concentre 60 % de la population malienne, que le problème se pose avec acuité. En plus de l’enclavement, l’éloignement des centres sanitaires des populations, la faible répartition des professionnels de santé à travers le pays, la crise sécurité qui touche une large partie du Mali, ont porté un coup dur aux services sociaux de base comme l’éducation et la santé. Alors que c’est dans cette partie du pays que l’indice de fécondité est plus élevé, marqué par un fort taux de croissance annuelle de la population rurale (2% par an).
Il y prévaut également un contexte de dérèglement climatique, qui ravive les tensions autour de la gestion des ressources qui se raréfient. Entre désastre écologique annoncé et pression démographique intenable – puisque la tendance actuelle, notamment dans la région de Mopti qui détient le record de fécondité au niveau national, nécessitera plus d’infrastructures socio-sanitaires, plus d’emplois et de moyens pour prendre en charge une population inactive majoritairement. Avec les 0-14 ans et les plus de 65 ans constituant plus de la moitié de la population selon les données de l’Enquête démographique et de santé au Mali (EDS VI).
Développement et stabilité
Dans le pire des scenarios, il faudra assister impuissant face à la hausse du taux de mortalité maternelle et infantile faute de services de soins adéquats et en nombre suffisant.
D’importants efforts sont entrepris pour toucher, au plus près, les populations éloignées. Mais des défis énormes restent à surmonter. Les politiques de proximité développées par différents intervenants dans le domaine de la santé de la reproduction et la planification familiale se heurtent aux disparités existantes entre les milieux urbain et rural, les niveaux d’éducation, que l’on soit en ville ou en campagne. Et l’absence de leadership assumé dans la promotion locale de la planification familiale. Non pas comme un simple moyen d’espacement des naissances mais bien un outil de développement socioéconomique, de stabilité et de résilience.
Les diasporas et les élites politiques et administratives locales sont des alliés de poids dans cette mission. Grâce à leur maitrise des codes et équilibres locaux, ils pourront contribuer à accroitre l’utilisation des méthodes modernes de contraception. Et améliorer la santé et le bien-être socioéconomique des populations rurales.