Le traitement de la question de la santé et droits sexuels et reproductifs par les radios communautaires est à encourager au Mali. Il faut encourager les acteurs du domaine à faire face aux barrières socio-culturelles.
S’il était difficile pour les médias traditionnels d’aborder ces sujets jugés tabous par la société, dans un passé récent, la donne a évolué. A longueur de journée, des émissions y sont consacrées sur les ondes avec un taux important d’audience. Car, il faut le reconnaitre, la santé sexuelle et reproductive concernent toutes les catégories d’âge et tous sexes confondus.
Reine des médias, en raison de san accessibilité, la radio permet l’interaction. Elle donne directement la parole aux auditeurs et auditrices pour apporter leurs contributions ou conseils sur les ondes. Elle a donc ce pouvoir inestimable d’atteindre une audience large, diversifiée, surtout au niveau communautaire. Elles donnent la voix aux sans voix, permettent aux « oubliés » de recevoir les informations qui leur seront utiles.
Concernant les droits et santé sexuels et reproductifs, les radios contribuent à sauver des vies, assurer des avenirs, protéger le futur qu’est la jeunesse et à y garantir l’accès de tout un chacun.
Entre barrières et besoins
A Sikasso, la radio Bendé diffuse des émissions consacrées à la santé, singulièrement à la santé sexuelle et reproductive. Mais selon son directeur, Moussa Dicko, le début n’a pas été sans difficultés. « Au début, il était difficile de faire intervenir les gens sur la santé et droits sexuels et reproductifs à la radio. Mais la solution a été de passer par les spécialistes en santé », explique-t-il.
A la radio Sangha de Mopti, la question est abordée mais avec tact et beaucoup de réserves, selon notre interlocuteur, Moussa Bengaly, directeur général. La forte présence de la religion musulmane fait que les gens ont peur de s’exprimer sur la question de la sexualité, surtout lorsqu’il s’agit des adolescents et jeunes. « Une fois, l’un de nos invités, qui était dans le studio pour sensibiliser la population sur le lien entre religion et santé de la reproduction, se souvient Moussa Bengaly, a carrément changé de position par peur d’être réprimandé par sa communauté. »
Droit à l’information
Malgré cette difficulté, la radio continue d’animer des émissions sur la question à destination des adolescents et jeunes. Car, selon lui, avec le nombre important de déplacés suite à la crise sécuritaire au centre, « les adolescentes et jeunes sont très exposés et doivent être mis à l’abri. Pour cela, chacun doit jouer son rôle et le nôtre est de fournir des informations de qualité à cette population vulnérable », plaide-t-il.
Compte tenu de l’absence de contenus de qualité sur la santé et droits sexuels et reproductifs dans certaines localités, les acteurs des médias traditionnels ont dû s’adapter. Ils invitent des spécialistes afin de permettre aux auditeurs d’interagir avec ces derniers et avoir des informations fiables.
Nos deux interlocuteurs estiment qu’il est nécessaire d’informer les adolescents et jeunes pour leur permettre de connaitre leurs droits et santé sexuels et reproductifs, qu’elles que soient les localités où ils se trouvent. Ils ont droit à une information de qualité, à la sensibilisation, et surtout à des réponses à toutes les questions sans contraintes liées à la culture, à la religion, au sexe ou encore à l’âge.