L’éducation à la santé sexuelle et reproductive connait des défis en Afrique de l’ouest. Au Mali, les considérations socioculturelles, les tabous autour de la sexualité empêchent l’établissement d’un dialogue entre les parents et les adolescents et jeunes sur ces questions. Un autre obstacle de taille : le manque de volonté politique, qui s’illustre par une dépendance au financement extérieur.
Au Mali et en Afrique de l’ouest, on s’étonne de voir la question de la santé sexuelle et reproductive des adolescent et jeunes stagnée pour ne pas dire rangée aux oubliettes. Pour être plus précis, elle n’a pas l’attention qu’elle mérite de la part des pouvoirs publics. Ce qui, du reste, conforte les « gardiens de la morale » qui considèrent la sexualité comme essentiellement intime, dont l’enseignement doit obéir à des principes stricts.
Ce n’est pas l’opposition du milieu conservateur qui freine l’éducation sexuelle mais l’argumentaire qui sous-tend cette position. En effet, ceux qui s’opposent à l’éducation sexuelle le font plus pour contrer un modèle sociétal importé, selon leur entendement, que pour une quelconque motivation basée sur la foi ou les normes sociales. Puisque ni les religions ni les normes sociales ne s’opposent, de façon catégorique, à l’éducation à la sexualité.
Urgence de santé publique n°1
Pour reprendre un concept savamment utilisé, l’éducation à la santé sexuelle et reproductive participe de l’acquisition du jeune garçon ou de la jeune fille des « compétences de vie » indispensables pour leur processus de socialisation. Donc, au fond, ce n’est pas tant sur le principe que se pose le débat. Mais sur l’approche qu’on tend à uniformiser, standardiser.
Or, chaque société à ses réalités – complexes – qu’il faut comprendre avant d’aborder une question aussi importante que la sexualité. La promotion de l’éducation à la sexualité est une cause noble pour ne pas dire une urgence de santé publique n°1. Cela doit se traduire dans les politiques de développement de nos pays.
Théories complotistes
Il faut des alternatives pour financer, dans la durée, la promotion de la santé sexuelle et reproductive des adolescents et jeunes, indépendamment du financement extérieur. Il faut mobiliser l’épargne publique nationale, le secteur privé, les bonnes volontés pour contrecarrer les théories complotistes.
Il est illusoire d’imaginer une meilleure compréhension de l’éducation à la santé sexuelle et reproductive par nos communautés tant qu’environ 80% du financement dédié est supportée par des partenaires étrangers. Le propos n’est pas de récuser l’apport important des partenaires financiers de nos différents pays, mais bien de mettre le curseur sur le problème de fond en matière d’éducation à la santé sexuelle et reproductive des adolescents et jeunes.