Contrairement aux infox qui ont fait le tour des réseaux sociaux il y a plus d’un mois, l’avion qui a survolé Tombouctou en dégageant ce qui ressemble à de la flamme appartient aux forces françaises de l’opération Barkhane. Il procédait à du largage aérien d’hommes et de matériels et non de « substance gazeuse ». 

Les images de deux appareils, l’un dans le ciel de Tombouctou, sont devenues virales sur les réseaux sociaux. L’absence de réponses a véritablement inquiété les habitants, pendant des jours. D’autant qu’une deuxième photo a été associée au premier cliché pour amplifier la rumeur. Cette deuxième image n’a rien à voir avec le Mali, encore moins Tombouctou. Il s’agit d’une photo prise en 2015 lors de la réception, par la Direction générale de l’armement de France, du 8e  exemplaire de série de l’avion de transport militaire A400M Atlas, destiné à l’armée de l’air.

Quelques semaines après leur toute première publication, BenbereVerif a pu trouver l’origine de l’appareil qui a survolé la « ville des 333 saints » au crépuscule du 7 mai 2020. Contrairement aux rumeurs l’attribuant à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), l’avion appartient aux forces françaises de l’opération Barkhane et n’a pas largué de « gaz toxique » sur la ville de Tombouctou.

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Sur l’image, on voit bien une grosse plaque de la Banque malienne de solidarité (BMS-S.A), agence de Tombouctou. Pas de doute que le cliché est bien pris dans la « cité mystérieuse ». Mais il est accompagné de plusieurs légendes fausses : « Un avion a largué du gaz sur Tombouctou », « La MINUSMA déverse le coronavirus chez nous », « Des désinfectants par un avion, il ne faut pas nous empoisonner ».

Un témoin donne plus de précisions : « Le produit en question ressemble à de la flamme lorsqu’il est largué, mais se vaporise et prend la couleur de la fumée au fur et à mesure. » D’autres évoquent « un cargo qui aurait largué un contenu inhabituel à une heure également inhabituelle. »

L’appareil appartient à Barkhane et revenait du Niger 

Sur les réseaux sociaux, les internautes ont tout de suite attribué l’appareil à la mission de l’ONU au Mali, qui a une forte présence dans cette région. Cependant, de sources internes, les avions de la Minusma ne décollent que rarement la nuit à partir de Tombouctou. Joint au téléphone fin mai, l’adjoint au chef de bureau de la mission onusienne à Tombouctou a démenti les allégations : « La Minusma ne sait pas à qui apparient cet avion qui survolait Tombouctou, précise Alassane Gobi. Toutefois, les vols de nuit sont effectués par l’opération Barkhane. »

Quelques jours après, un autre responsable de la mission onusienne a indiqué à BenbereVerif que l’avion appartenait aux forces françaises de lutte contre le terrorisme Barkhane. Une information confirmée par un responsable au sein de l’opération, joint au téléphone. Selon lui, l’avion venait du Niger voisin et procédait à du largage aérien d’hommes et de matériels. Niamey est une base de ravitaillement de Barkhane. C’est à partir de sa base aérienne 101 que décollent les drones français qui effectuent des missions de renseignement dans le cadre de l’opération Barkhane au Sahel. Cependant, Il ne s’agit pas de largage aérien de matériels ou d’hommes à Tombouctou ville, mais sur une zone d’opération dans le Gourma. 

« Un leurre »

Ce qui a amplifié l’inquiétude des populations, c’est de voir un avion survoler Tombouctou en dégageant ce qui ressemble à de la flamme. Ce semblant de flamme est plutôt ce qu’on appelle dans le jargon aéronautique « un leurre », comme l’a souligné nos confrères du journal Lejalon.com.  

Pour échapper à une menace, un appareil visé peut éjecter un ou plusieurs leurres constitués d’un matériau dégageant une forte chaleur en se consumant. Ce système est exclusivement utilisé par les forces armées à partir de plateformes mobiles terrestres, aériennes ou navales pour détourner une menace et la rediriger sur le leurre. Les leurres peuvent être employés à titre préventif ou en réaction à une attaque, comme l’a expliqué nos confrères d’Aeronewstv.com, un site web dédié exclusivement à l’actualité aéronautique.