Récemment plusieurs infox ont pollué le web malien. De la « collision » des hélicoptères de l’armée française, en passant par la prétendue livraison de « motos aux groupes djihadistes », #Benberevérif revient sur certaines de ces images complètement déplacées de leurs contextes et qui continuent de faire parler. Ce travail de vérification est fait avec le soutien de Internews.
1. Photo d’un hélicoptère « détruit » en Syrie, 2014
Cette photo, prise le 1er mars 2014 au nord de la Syrie, fait partie des multiples images sorties de leur contexte pour évoquer l’accident des hélicoptères français dans le nord du Mali. Avec l’outil Yandex, nous avons découvert qu’il s’agit de l’épave d’un hélicoptère de l’armée syrienne. L’image a été prise par Mohamed Al-Khatieb, photographe pour le compte de l’AFP et de Getty Images. Selon la légende du cliché, disponible ici, des combattants de l’État islamique en Iraq et au Levant (ISIL) viendraient de détruire l’appareil lorsqu’ils ont quitté l’aéroport militaire de Meng, dans la ville d’Alep, dans le nord de la Syrie, « pour empêcher d’autres groupes d’opposition de s’en emparer ».
2. Air cocaïne 2009, dans le nord du Mali. Photo : Serge Daniel, AFP
Cette autre photo continue d’être présentée par plusieurs internautes comme des débris des hélicoptères de la force Barkhane entrés en collision, le 25 novembre, à Indelimane, tuant 13 militaires français. Mais une recherche inversée permet de retrouver l’origine de l’image. L’image a bien été prise au Mali. Mais… elle a été prise par Serge Daniel, correspondant de RFI au Mali et date d’au moins neuf ans. Il s’agit des débris de l’avion « Air cocaïne ».
3. Une photo du drame de Villa Castelli, en Argentine
C’est l’une des photos les plus virales sur le web malien pour illustrer l’accident des soldats français. Il s’agit en réalité de l’accident, en 2015, de deux hélicoptères qui venaient de décoller de Villa Castilla, au nord de l’Argentine. La championne olympique de natation française, Camille Muffat, et le boxeur Alexis Vastine, y ont notamment perdu la vie.
Les photos présentées ici sont des captures d’écran tirées d’une vidéo amateur de la télévision France 2, diffusée par France 24.
4. Crash d’un hélicoptère de l’armée irakienne
Une recherche inversée sur Google nous a permis aussi de voir que cette photo a déjà fait l’objet d’une vérification de la part d’AFP factuel. Le site de Fact-checking français a d’ailleurs fait le tour d’horizon de ces infox. Si l’environnement peut ressembler au désert du nord du Mali, « le cliché a été pris à la suite du crash d’un hélicoptère de l’armée irakienne à Kout, au sud de Bagdad, le 11 novembre 2017. Trois personnes sont décédées dans cet accident s’étant produit au cours d’un entraînement militaire. »
5. Prétendue livraison de motos aux groupes djihadistes par Barkhane
La folle rumeur est apparue juste après l’accident des hélicoptères français. Des images montrant plusieurs dizaines de motos débarquées d’un appareil des militaires français. Elles ont été accompagnées de commentaires tendant à faire croire que la force Barkhane « est en train de fournir des motos aux terroristes » pour attaquer l’armée malienne. Si des sources officielles ont démenti très vite, des audios WhatsApp continuent de faire croire que « l’armée française a tenté de livrer des motos aux djihadistes » et qu’elle se « serait ravisée suite à ces publications sur Facebook. »
Alors qu’il s’agit d’engins destinés aux Forces armées maliennes (FAMa). Dans un communiqué, l’état-major français précise qu’il s’agit de « 60 motos, 120 pneus, 60 casques, 60 cadenas, 2 compresseurs et de l’outillage. » Avant de préciser : « L’état-major général des Armées et la force Barkhane travaillent de concert depuis plusieurs mois à ce projet d’équipement d’unités maliennes spécifiques, projet qui a fait l’objet d’une validation formelle le 7 octobre dernier entre le chef d’état-major des Armées maliennes et le représentant de Barkhane au Mali. »
L’objectif est de permettre aux FAMa « de gagner en mobilité et de renforcer leur lutte contre les groupes armés terroristes » dont le moyen de déplacement principal est justement ces engins à deux roues. « D’autres moyens seront donnés aux forces armées maliennes dans les prochains mois pour persévérer dans ce sens », indique toujours l’état-major français.