Des publications sur les réseaux sociaux prétendent qu’il est interdit de parler de l’accord pour la paix et la réconciliation au Dialogue politique national en cours à Bamako. Pourtant, l’accord fait partie des sujets évoqués. Ce travail de vérification de Benbere est fait en partenariat avec Internews.
Le Dialogue national inclusif (DNI) a démarré ce week-end à Bamako. Selon plusieurs publications sur Facebook, il est interdit de parler de l’Accord pour la paix et la réconciliation signé en 2015 entre les groupes armés et le gouvernement. Nous avons vérifié. Il n’en est rien.
L’intox a été publiée sur plusieurs comptes Facebook, souvent même par des journalistes. Et avec des statuts comme, par exemple, « sans l’Accord d’Alger, Kidal et Barkhane dans les débats, le DNI est devenu un grand Sumu national. » Ou encore d’autres statuts pour prétendre que « la condition de participation de la CMA au DNI qu’IBK (le président malien, ndlr) a accordée, c’est de retirer l’Accord des débats. »
Mais très vite, des personnes présentes sur place ont démenti. Comme ici, avec ce commentaire : « J’étais dans la salle. L’accord est bien présent dans les débats. L’objectif du dialogue n’est pas de réviser l’accord, mais de proposer des pistes de solution… La CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad, signataire de l’accord pour la paix, ndlr) n’est pas contre. Elle veut le respect des procédures. »
Un autre participant aux travaux ajoute : « Soutenir qu’un seul sujet est tabou est un mensonge grossier…Dans la Commission paix et sécurité, nos FAMa (Forces armées maliennes), l’accord pour la paix, les forces partenaires, tout y est discuté sans tabou. »
Inquiétude
Cette polémique est survenue suite à la décision prise, à la dernière minute, par la CMA de participer aux discussions du Dialogue national inclusif. Auparavant, les ex-rebelles avaient décliné l’invitation des autorités suite à un discours du président de la République, en septembre dernier, qui pouvait laisser penser que l’accord serait relu à l’issu de ce dialogue. « Au départ, notre problème c’était la renégociation de l’Accord pendant ce dialogue, affirme Almou Ag Mohamed, porte-parole du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), groupe membre de la CMA. On trouve que ce n’est ni le lieu adéquat ni le lieu légal. Nous avons convenu avec le gouvernement que toute rediscussion de l’Accord doit se faire dans le cadre de cet accord issu du processus d’Alger. »
L’inquiétude des ex-rebelles était donc de voir les dispositions d’un accord, signé il y a quatre ans, modifiées lors de ce dialogue national. Une telle démarche étant déjà prévue à l’article 65 de l’Accord pour la paix et la réconciliation (APR). Cela n’est, en effet, possible « qu’avec le consentement express de toutes les parties (c’est-à-dire le gouvernement et les groupes signataires, ndlr) et après l’avis du Comité de suivi ( organe chargé de suivre sa mise en œuvre, ndlr) ».