Les dysménorrhées, des douleurs trop souvent ignorées
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Les dysménorrhées, des douleurs trop souvent ignorées

L’impact des règles douloureuses sur les femmes est souvent sous-estimé. De nombreuses femmes en âge de procréer souffrent régulièrement de dysménorrhées, ce qui peut jouer significativement sur leur qualité de vie.

Douleurs abdominales et dorsales, céphalées, troubles hormonaux, nausées, diarrhée, mal-être font vivre un calvaire à de nombreuses femmes entre l’adolescence et la ménopause. Une période qui correspond à la plus active de leur vie.

Les douleurs menstruelles peuvent rendre difficiles la concentration et l’accomplissement des tâches quotidiennes. De nombreuses femmes sont limitées en termes de productivité pendant leurs règles en raison de la douleur intense et de l’inconfort. « Les règles douloureuses impactent sans doute le quotidien des femmes. En ce qui me concerne, à cause des douleurs, il m’arrive de manquer l’école parfois, de ne pas exécuter mes tâches quotidiennes et de m’isoler complètement », explique Mama Kébé, âgée de 23 ans. Pour atténuer la douleur, la jeune fille prend des calmants. « Depuis mes premières règles, un médecin qui fréquente la famille me prescrit un comprimé lorsque la douleur est insupportable et ça apaise temporairement. »

« Plusieurs émotions au cours d’une journée »

L’absentéisme scolaire et professionnel est courant parmi celles en âge de procréer qui souffrent de dysménorrhée sévère. Les femmes peuvent perdre plusieurs jours de travail ou d’école chaque année à cause des douleurs menstruelles.

Même lorsqu’elles se rendent au travail ou à l’école, leur performance peut être diminuée. « J’ai des classes au second cycle, très souvent des filles se plaignent de maux de ventre en plein cours et demandent la permission de rentrer. Je pense que chaque parent doit prendre les dispositions en amenant son enfant à l’hôpital pour qu’on lui prescrive un médicament afin que ces douleurs ne perturbent pas sa scolarité. Lorsque la douleur persiste, l’élève est obligée de rentrer. Si elle doit manquer des heures de cours chaque mois, cela va jouer sur ses résultats scolaires. », rapporte Fatoumata dite Sira Sangaré, enseignante à l’école fondamentale de Quartier Mali.

En outre, cette douleur chronique peut avoir un impact significatif sur la santé émotionnelle des femmes qui en souffrent. Le mal-être, le stress, l’anxiété, la dépression peuvent en être des conséquences. « Il m’arrive d’avoir plusieurs émotions au cours d’une journée. Je peux être joyeuse puis l’instant d’après triste sans raison et parfois même un peu agressive et mélancolique. Mon humeur devient vraiment exécrable parfois, je suis irritable et tout peut me contrarier. Je m’isole à chaque fois pour éviter de blesser mon entourage. », témoigne Fanta, 17 ans.

Selon Amadou Bocoum, agrégé de gynécologie obstétrique, la dysménorrhée peut entraîner une dégradation de la qualité du sommeil. « Les douleurs menstruelles peuvent causer des difficultés à s’endormir ainsi que des réveils fréquents pendant la nuit », soutient-il.

Traitements et solutions

Contrairement à la dysménorrhée primaire qui peut être atténuée par de simples anti-inflammatoires non stéroïdiens et des antalgiques, celle secondaire est bien plus grave et nécessite un traitement médical approprié, selon M. Bocoum, gynécologue. « La dysménorrhée secondaire peut être due à une malformation de l’utérus qu’on appelle utérus cloisonné ou bicorne, à une malformation du col de l’utérus, à l’imperforation de l’hymen ou des kystes de l’ovaire. Elle peut aussi survenir à la suite d’une fausse couche, un avortement non sécurisé ou une contraception non appropriée. Tout ceci peut endommager des organes reproducteurs tels que l’endométriose, les fibromes ou les polypes de l’endomètre, d’où les douleurs intenses », explique-t-il.

Faute de moyens ou de résultats pour les méthodes médicamenteuses, certaines femmes font également recours aux méthodes non médicamenteuses pour soulager leur douleur.« Certaines femmes viennent me voir à cause de douleurs pendant leur menstruation. Pour leur soin, je leur fournis des remèdes à base de plantes », affirme Adama Tangara, tradithérapeute à Bla.

En plus de ces méthodes traditionnelles, certaines femmes font des thérapies physiques comme les compresses chaudes appliquées sur l’abdomen et les sports de relaxation pendant cette période.

La dysménorrhée peut gravement altérer la qualité de vie des femmes. Elle affecte leur productivité, leur vie sociale et leur santé mentale. Une meilleure reconnaissance de cette condition, une prise en charge médicale appropriée, et un soutien social sont essentiels pour améliorer le quotidien de chaque femme souffrant de règles douloureuses. Il est important de briser les tabous et de sensibiliser le public pour que chaque femme puisse bénéficier d’un accompagnement adéquat.

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