Ansongo : sur des sites de déplacés, la nécessité d’une hygiène menstruelle digne et saine
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Ansongo : sur des sites de déplacés, la nécessité d’une hygiène menstruelle digne et saine

Sur des sites de déplacés d’Ansongo, pour la gestion de l’hygiène menstruelle, des femmes et jeunes filles font face à de nombreux défis liés, entre autres, au manque d’accès à l’information, à l’eau.

« L’eau est un lux sur le site. Un jour, je me suis rendu à l’école avec le protège déjà sale. Mes camarades de classe se sont moqués de moi et depuis je ne suis plus retournée à l’école », se rappelle Mariam, originaire de la commune de Tin-Hamma (Gao), qu’elle a fuie à cause des conflits.

Sur le site, des femmes évitent d’utiliser les toilettes pendant les règles, car en plus de ne pas avoir de l’eau potable, elles se disent exposées aux infections urinaires. Elles partagent les toilettes avec les hommes.

Briser le tabou

De plus, elles sont malheureusement plus préoccupées par la famine. « Les mamans jouent un rôle essentiel dans l’apprentissage de la jeune fille sur l’hygiène menstruelle, mais sur le site ce n’est pas une priorité pour elles », affirme Aminata Walet Abdallah. C’est elle qui joue le rôle de conseillère auprès des jeunes filles.

Le cercle d’Ansongo, situé dans la zone dite des trois frontières, vit dans l’instabilité sécuritaire depuis le déclenchement de la « crise » en janvier 2012. Le conflit armé, auquel est venu s’ajouter l’instabilité au sommet de l’État, a eu des conséquences sans précédent sur toutes les populations du cercle. Il a aggravé une situation humanitaire déjà dramatique à cause des crises cycliques dont les causes sont structurelles. Alors que les groupes qualifiés de terroristes continuent de semer la violence, les services sociaux de base – comme l’eau – deviennent une denrée rare, provoquant le déplacement massif des populations.

Dans une déclaration conjointe, le 5 mars 2019, le rapporteur spécial et plusieurs autres experts des droits humains des Nations unies ont appelé la communauté internationale à briser le tabou autour de la santé menstruelle et à prendre des mesures concrète pour faire évoluer les mentalités.

Faire évoluer les mentalités

Les autorités locales doivent multiplier les efforts pour faire évoluer les mentalités et surtout apporter le soutien nécessaire aux jeunes filles dans les sites des déplacés. Sur ces sites, les toilettes sont inappropriées, ne répondant pas aux exigences d’hygiène, et parfois inexistantes.

La santé menstruelle passe, pourtant, par une sensibilisation dans nos communes sur la menstruation et des soins personnels. L’accès aux produits d’hygiène menstruelle, le diagnostic et le traitement des troubles du cycle menstruel et la sensibilisation contre la stigmatisation et la discrimination des femmes indisposées sont nécessaires. « Au tout début, j’ai eu beaucoup de mal à m’en sortir sur le site. J’ai pris mon courage à deux mains, j’en ai parlé à des agents d’une ONG lors d’une session de sensibilisation », confie une femme déplacée du site de Talataye.

Il est important de former les femmes et filles déplacées internes sur les questions de la santé sexuelle et, spécifiquement, sur la gestion des menstrues. Leur apprendre à fabriquer des serviettes hygiéniques réutilisables serait également d’une grande utilité.

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