La gestion hygiénique des menstrues est d’un enjeu complexe au Mali, qui touche de nombreuses adolescentes et jeunes filles. Elle renvoie aux difficultés qu’elles rencontrent pour avoir accès à l’information, aux produits nécessaires et à une bonne gestion de leur hygiène menstruelle.
Une boîte de 10 cotons coûte entre 500 et 1000 FCFA, selon la qualité. Les cotons et serviettes hygiéniques sont indispensables, mais leur prix les rend inaccessibles pour la majorité des utilisatrices.
Faute de moyens ou de sensibilisation, certaines jeunes filles se retrouvent confrontées à des problèmes de santé pendant leurs règles, comme des infections sexuellement transmissibles, les démangeaisons, les infections urinaires. Les produits d’hygiène indispensables, tels que les serviettes et les cotons, sont en effet trop coûteux pour de nombreuses utilisatrices. Par conséquent, elles peuvent garder le même coton pendant une demi-journée pour qu’une seule boite puisse tenir le mois.
Impact sur la scolarité
Au-delà du défi économique, la précarité menstruelle est aussi liée à un manque d’accès équitable dans le pays. Les populations rurales n’ont pas les mêmes possibilités de s’approvisionner que celles des villes. Dans certaines régions reculées, les filles doivent parcourir des kilomètres pour trouver des protections. Ce qui ne les encourage pas. Résultat : la plupart utilisent les méthodes anciennes tels que les morceaux de vieux pagnes qui ne sont pas totalement hygiénique.
Cette situation a de lourdes conséquences sur la scolarité des jeunes filles. « Pendant leurs premières règles, les adolescentes s’absentent souvent en classe, par gêne et manque d’information », témoigne Sékou Coulibaly, enseignant et responsable d’éducation et de formation de la plateforme des jeunes engagés pour la promotion de la santé reproductive et la planification familiale (PJEP SR/VBG).
« Au début, je ne comprenais pas leurs absences, jusqu’à ce que je réalise qu’elles s’éclipsaient par honte, faute d’avoir les moyens de gérer convenablement leurs menstruations », a ajouté M. Coulibaly.
Face à ces défis, des initiatives voient le jour. Aminata Simpara, fondatrice de la marque N’térini, a ainsi créé des protections périodiques réutilisables, « à des prix abordables », précise-t-elle. Ces solutions permettent d’identifier, sensibiliser et aider les filles et femmes touchées, surtout dans les zones reculées.
Vivre ses règles dans la dignité
« L’approche communautaire est une solution adéquate, affirme-t-elle. Cela nous permet de mieux créer des cadres d’échanges fluides pour comprendre les besoins spécifiques et d’y apporter des réponses adaptées. » Mais cette démarche nécessite des moyens techniques et financiers importants.
Pour relever durablement ce défi, des programmes de distribution gratuite et de subventions aux entreprises productrices sont essentiels. De même, l’éducation et la sensibilisation sur l’hygiène menstruelle doivent être renforcées, dès le plus jeune âge à l’école. « C’est un sujet encore très tabou, qui engendre beaucoup de gêne et d’humiliation chez les adolescentes, regrette M. Coulibaly. Il faut l’intégrer dans les programmes scolaires pour briser le tabou. »
C’est à ce prix que la précarité menstruelle pourra être vaincue au Mali, et que les jeunes filles pourront vivre leurs règles dans la dignité. Des initiatives locales montrent la voie, mais elles ont besoin du soutien des autorités et organisations non gouvernementales pour se déployer à une échelle plus grande.