Dans le cadre de la campagne Civicus 2019, Benbere était à Mopti pour une série d’activités. Lors de ce séjour, deux amis, symboles parfaits du lien sacré entre les Peuls et les Dogons, ont été repérés.
Comme chaque petit soir, à Toguel, un quartier de la ville de Mopti, les deux alliés se retrouvent dans une ruelle avec d’autres compagnons pour faire le traditionnel grin. La théière à coté, Ils se lancent des piques et se taquinent sans cesse, comme pour démontrer leur complicité. Apres s’être montrés reticents face à la caméra, les deux amis ont finalement accepté de rencontrer la plateforme Benbere.
Haley Barry, originaire de Djenné et Seydou Dolo, vient de Sanga dans le plateau dogon. Ils sont tous les deux enseignants à Mopti. « Nous nous sommes connus en 2013 à travers un de mes amis d’enfance qui vit présentement à Bamako », raconte Haley. « J’ai quitté Sangha pour m’installer à Mopti. Depuis, je me suis lié d’amitié avec lui », ajoute Seydou Dolo.
Éviter l’amalgame
A la question de savoir comment ils vivent ce conflit que certains qualifient d’intercommunautaire, les deux amis sont unanimes. Pour eux, ce n’est pas un conflit entre les Peuls et les Dogons. Ils invitent les uns et les autres à éviter l’amalgame, qui est en train d’empirer la situation actuelle : « Que les gens comprennent que le conflit implique plutôt des djihadistes et des chasseurs traditionnels (dozo), qui peuvent être Peuls ou Dogons certes. Mais à la base, ce n’est un affrontement intercommunautaire », affirme Haley. Son ami Seydou précise : « Nous vivions en harmonie », soutient-il.
Si dans certaines localités de la région de Mopti, des liens d’amitié ont été brisés et des couples se sont cassés, la relation entre Haley et Seydou est encore au beau fixe. Le regard de la société ne leur pose pas de problème : car c’est par peur d’être indexés ou d’être traités de traître que beaucoup de gens se retiennent. Ces deux jeunes gens ne font pas attention aux préjugés : « On n’a pas besoin de l’avis de la société pour entretenir son amitié. Elle est libre de juger mais, si à notre niveau, on s’entend, c’est l’essentiel », commente Haley. Son ami Seydou Dolo est d’ailleurs marié à une Peule avec qui il a eu une fille : « Ma fille, pour moi, est le symbole parfait du lien sacré entre les Peuls et les Dogons », affirme-t-il.
Pour sortir de cette crise, les deux complices invitent les Maliens au dialogue afin de rétablir la vérité. C’est la seule manière d’apaiser les cœurs.
L’Etat doit assumer ses responsabilités selon eux, et prendre conscience que le problème ne se trouve pas à Bamako, mais dans les villages environnants de Mopti, et arrêter de se prononcer sur la question étant à des kilomètres de distance. Ils doivent donc se rendre au cœur du problème pour connaitre les réalités de la situation enfin de trouver une solution durable.