Mali : en attendant que les champs refleurissent d’espérance…
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Mali : en attendant que les champs refleurissent d’espérance…

En attendant que les champs refleurissent d’espérance, faisons vibrer nos cœurs au rythme du changement positif afin de faire renaitre ce peuple qui avait un but et une confiance inébranlable à une foi commune.

Changement ! changement ! changement ! Voici le mot qui revient, telle une ritournelle, beaucoup sur les lèvres des Maliens depuis quelque temps. Je l’ai tellement entendu que je me suis surpris à rêver que cela était réalisable, du moins à court terme. Le réveil fut brutal.

Après des mois de manifestations contre le pouvoir d’Ibrahim Boubacar Kéita, nous avons assisté, le 18 août 2020, à une nouvelle irruption des militaires sur la scène politique. La suite est connue : président déposé, Comité national pour le salut du peuple (CNSP) mis en place, sanctions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, concertations nationales sur la transition…

L’engouement suscité n’a d’égal que celui qui a accueilli la période d’après coup d’État de 2012. Pour le commun des Maliens, c’est le début d’une nouvelle ère, car ce changement de pouvoir marque la fin d’un régime marqué par plusieurs scandales de corruption et gangréné par une mauvaise gouvernance généralisée. Pour beaucoup d’observateurs par contre, ce n’est qu’une répétition du scénario d’il y a 8 ans.

Mirage ou mythe du changement

Pessimiste, de nature, je ne le suis guère. Par contre, le réalisme impose de reconnaitre que le changement tant voulu est, à ce jour, un mirage et demeurera un mythe tant que chacun continuera à l’espérer chez l’autre sans se remettre soi-même en question.

Aujourd’hui, le désordre est bien malien et, pour s’en convaincre, nul besoin d’être un chercheur aguerri en sciences humaines. Il suffit juste de regarder nos comportements au quotidien. Les désordres observés pendant les travaux des concertations nationales témoignent, s’il en était besoin, de cet état de fait qui ne nous honore guère. Cafouillage à l’entrée du Centre international de conférence de Bamako (CICB), tentative de chasse aux sorcières, volonté manifeste de faire prévaloir une justice de vainqueurs, émergence de laudateurs … La liste illustrative est non exhaustive.

Récemment, j’ai pris un vol Paris-Bamako. À l’aéroport Roissy Charles de Gaulle, le désordre créé par certains de mes compatriotes nous a fait perdre 45 minutes. Ceci donnait le ton. Une fois à Bamako, le même désordre était perceptible à l’aéroport lors du contrôle des résultats du test de Covid-19. Et la situation était encore plus écœurante au niveau du fil de contrôle de la douane où nous nous sommes vu relégués en citoyens de seconde zone quand des cadres venaient chercher leurs protégés dans le fil pour les faire passer devant tout le monde. 

Dans la circulation à Bamako, la situation est encore pire. Entre l’incivisme des usagers de la route et le désordre créé par ce policier venu, à mon grand étonnement, nous barrer la route avec sa moto pour régler son compte avec un chauffeur de Sotrama, le championnat pour le titre du meilleur indiscipliné est très serré. 

« Nous fûmes quand d’autres n’étaient pas »

La crise actuelle doit être aussi, pour une fois, l’occasion d’une véritable remise en question individuelle et non celle qui consiste uniquement à indexer l’autre d’être entièrement la source de nos malheurs et de le vouer aux gémonies.

Nous devons sortir de nos certitudes et reconnaitre que nous avons tous failli, et travailler pour que nous nous relevions tous ensemble, y compris avec l’accompagnement des organisations auxquelles notre pays a adhéré de son plein gré. Je sais que beaucoup d’entre nous avions pris l’habitude de nous moquer de cette assertion de l’ancien président « IBK » qui, pour magnifier la grandeur du Mali, aimait à répéter : « Nous fumes quand d’autres n’étaient pas… ». 

Pourtant, par nos réactions, nous démontrons que cette idée de grandeur du passé subsiste dans notre subconscient, forgeant un patriotisme démesuré qui frôle parfois le nationalisme. Oui, nous fumes quand d’autres n’étaient pas. Mais aujourd’hui, les autres « sont » pendant que notre horloge est restée figé aux années 1230. 

Récemment, un ami me confiait que quelqu’un lui aurait dit que le Mali ressemble à la pomme de terre. Et comme la pomme de terre, tout ce qu’il a d’utile est sous terre. Nos ancêtres dont nous sommes tant fiers ne sont certainement pas autant fiers de nous comme nous le somme d’eux. Nous avons aujourd’hui plus que jamais l’occasion de poser les bases nécessaires pour faire en sorte que Firhoun, Soundiata, Ba Bemba, Banzani, Soumahoro soient également fiers de nous, comme nous le sommes d’eux. Pour ce faire, il nous faut nous débarrasser des comportements qui ne nous honorent guère.

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