#RespectionsSDSR : faut-il surveiller ou réprimander ?
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#RespectionsSDSR : faut-il surveiller ou réprimander ?

Les parents devraient-ils contrôler ou gronder leurs enfants en matière d’éducation à la santé, aux droits sexuels et reproductifs (SDSR) ? La question était au centre d’un atelier sous régional qui a réuni des experts venus du Benin, du Burkina Faso, du Mali et du Niger, à Bamako, du 25 au 27 octobre 2022, dans le cadre de la capitalisation des projets « ENSEMBLE et RESPECT ».

« Aujourd’hui nous recevons trois éducations différentes ou contraires : celle de nos pères, celle de nos maîtres, celle du monde. Ce qu’on nous dit dans la dernière renverse toutes les idées des premières. » Cette citation de Montesquieu, tirée de De l’esprit des lois, sied bien à la situation des jeunes face à la surabondance d’informations sur les réseaux sociaux mais aussi l’influence de la rue sur leur vie.

Au cours de l’atelier de réflexion de trois jours, tenu à Bamako sur les stratégies et résultats clés des projets « ENSEMBLE et RESPECT », des spécialistes en SDRS se sont penchés sur la problématique : comment faire en sorte que l’éducation du monde ne renverse pas celle donnée par la famille et l’école ?

« On doit agir sur deux leviers, propose Moriké Dembélé, maitre-assistant à l’Université des lettres et des sciences humaines de Bamako (ULSHB). Le premier, c’est le corps. Qu’on élève nos enfants en développant en eux l’esprit critique par rapport à tout ce qu’ils peuvent recevoir comme contenu à la télévision, à la radio sur les réseaux sociaux et même au grin. Et cela dès le bas âge. Le deuxième levier, c’est le contrôle institutionnel au niveau des pays afin de maîtriser les contenus diffusés sur les chaînes. A l’échelle de la famille, c’est possible avec les options contrôle parental. Je contrôle mes filles et tous les contenus qu’elles téléchargent et j’interpelle quand il le faut. » Selon ce spécialiste en science de l’éducation, lorsque l’enfant sent qu’il est surveillé, il s’adapte.

Prioriser le dialogue

Les adolescents se disent que les parents sont là pour moraliser. Or, ce qui est recherché dans la promotion de la SDSR, c’est avoir un terrain d’entente. Que le jeune ne soit pas réprimandé ou contrôlé mais conseillé. Pour cela, il faut prioriser le dialogue au contrôle, selon d’autres experts. Aujourd’hui avec l’accès facile aux réseaux sociaux, aux chaines câblées qui sont présentes sur internet, la capacité des parents à exercer un contrôle permanant, régulier et sécurisé sur les programmes que suivent leurs enfants à la télévision, sur leur tablette ou téléphone, a baissé.

Merveille Akouta est membre de la  Communauté de pratique du Benin. Pour elle, le contrôle parental est un mécanisme avec lequel les parents essayent de surveiller les faits et gestes des enfants concernant les actes du quotidien. « Sur les réseaux sociaux par exemple, ce n’est pas possible d’avoir un contrôle sur les contenus que regardent les enfants, estime-t-elle. Ce que vous pouvez empêcher en tant que parent, c’est de briser la glace. Nos parents ont tendance à croire qu’ils communiquent déjà assez sur la sexualité et que nous sommes ouverts, mais ce n’est pas le cas. Pour aller vers cette ouverture et la protection de l’enfant, il faut s’intéresser à lui, à ses activités et surtout à ses fréquentations. »

Ouverture d’esprit

Selon elle, le mot « contrôle » est agressif pour les cibles : « Il ne faut pas les contrôler, mais plutôt faire du monitoring et les aider à trier les bonnes informations des mauvaises au risque de vous faire passer pour des bourreaux et perdre leur confiance », conseille-t-elle.

De son côté, Pr Hama Diallo, enseignant-chercheur au département de santé publique de l’unité de formation et de recherche en sciences de la santé (UFR/SDS) de l’Université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou, pense q’u’il est important de renforcer la responsabilité parentale pour que les parents soient suffisamment ouverts dans l’éducation de leurs enfants et aient le courage de parler sexualité sans tabou. Afin qu’en toute responsabilité, les enfants puissent être capables de choisir des programmes conformes aux conseils donnés par leurs parents sur l’éducation sexuelle responsable.

« Il est illusoire de croire que les parents peuvent contrôler les contenus visualisés par les enfants à l’ère du numérique », conclut-il.

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