Bénin : promouvoir la planification familiale pour limiter les avortements à risque
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Bénin : promouvoir la planification familiale pour limiter les avortements à risque

Au Bénin, l’avortement est vigoureusement encadré par la loi. Beaucoup de femmes recourent à l’avortement clandestin et risqué. Dans ce témoignage, notre blogueur a prêté sa plume à un médecin qui plaide pour la promotion des méthodes de planification familiale (PF) pour limiter les dégâts.

« Ce samedi matin, je me retrouve en consultation dans une clinique de la ville de Cotonou. Je suis confronté à une situation pour le moins ordinaire au Bénin, où tout ce qui est relatif à la sexualité est difficile à aborder. Une jeune femme, dans la vingtaine, entre dans la salle de consultation. Elle se plaint de douleurs dans le bas du ventre et de pertes vaginales.

Je procède à mon interrogatoire, puis demande à l’examiner. Au moment de l’examen, la jeune femme s’oppose au « check up » pour vérifier s’il n’existe aucune anomalie au niveau de l’appareil génitale. Je n’ai donc plus le choix, mon examen physique devra être incomplet, mon diagnostic biaisé. Je prends sagement la décision de ne pas lui résister. J’obtempère sans discuter, car il s’agit de son droit sexuel. De plus, la déontologie médicale me contraint à respecter son droit après que je lui ai expliqué les possibles conséquences liées à son refus

Cette séquence rappelle combien le rapport à la sexualité reste encore délicat dans la société béninoise. Même dans les hôpitaux, la question gêne, à cause notamment de croyances culturelles et religieuses. La consultation médicale se poursuit tout de même. Je parviens même à gagner la confiance de ma patiente.

« Dr je pense que je suis enceinte. J’ai peur d’effectuer le test de grossesse confirmation. Mais je vous dis sincèrement, je me dois d’interrompre cette grossesse. Je ne pourrais la supporter », lâche-t-elle, confuse. Ma patiente souhaite mon aide pour interrompre sa grossesse. « Mon partenaire a été clair avec moi. Il est marié légalement, et ne peut avoir un enfant avec moi. De plus, j’ai déjà un enfant avec mon premier mari », soutient-elle.

Cependant, légalement ce n’est pas autorisé. L’avortement n’est autorisé au Bénin que dans trois conditions : « Lorsque la poursuite de la grossesse met en danger la vie et la santé de la femme enceinte, à la demande de la femme lorsque la grossesse est la conséquence d’un viol ou d’une ou lorsque l’enfant à naître présente une malformation congénitale », peut-on lire dans la loi sur la santé de la reproduction.

Faut-il lui accorder, cependant, des services d’avortement sécurisé ou ala laisser recourir à un avortement clandestin qu’elle pourrait payer de sa vie ?

Une étude, réalisée en 2016, révèle que 73 321 cas d’avortements provoqués et 68 922 avortements spontanés ont lieu au plan national. Ces données illustrent la nécessité de rendre accessible à tous les jeunes les méthodes de planification familiale. Une méthode de planification aurait permis à la jeune femme d’éviter cette grossesse. 

Depuis 2015, le Bénin dispose d’une loi portant code de l’enfant. Cette loi vise à réduire les naissances d’enfants dits « illégitimes ». Pour obtenir l’acte de paternité, pour les couples qui ne sont pas liés par le sacrement du mariage, désormais le présumé père devra faire une déclaration sur l’honneur à la mairie au cours des trois premiers mois de grossesse. Sans quoi, le nouveau-né ne peut être déclaré.

De ce qui précède, insister sur la planification familiale au Bénin permettra de réduire la fréquence des grossesses non désirées et les recours aux avortements à risque. Une sensibilisation accrue est nécessaire pour que tous les jeunes aient accès à l’information juste et vraie sur la santé de la reproduction et la planification familiale ».

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