Côte d’Ivoire : la maternité sans tabou
Credit photo : Iwaria
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Côte d’Ivoire : la maternité sans tabou

Des idées reçues abondent sur la période de grossesse en Afrique, en particulier en Côte d’Ivoire. Il est temps de lever les tabous sur la maternité.  

Dans nos cultures, l’état de grossesse est auréolé de mythes, de tabous, de croyances fausses ou vraies qui ont toutes pour but de protéger la gestante et son enfant à naitre. Parmi ces pratiques, celle qui consiste pour les femmes qui ont déjà procréé de ne pas évoquer devant des primipares les difficultés éprouvées. La raison ? Pour éviter de créer chez elles une phobie qui, à la longue, pourrait générer des blocages face à la maternité.

Par ailleurs, les médias, notamment les réseaux sociaux, ont contribué à enjoliver l’état de grossesse, créant chez nombre de femmes frustrations, solitudes émotionnelles parfois et désenchantement. Mais, de plus en plus, les langues se délient et les femmes s’éduquent à propos de la maternité. Seulement avec le risque de plus en plus présent pour les femmes de développer une « tocophobie ».

Craintes liées à la maternité  

En effet, beaucoup de femmes interrogées redoutent des changements physiques et physiologiques, notamment « la prise de poids», « la douleur pendant l’accouchement ou l’accouchement lui-même», «les déchirures», «les contractions», «les tranchées», «perte de la vie», «l’épisiotomie, la cicatrisation d’une césarienne, les fuites urinaires, la rééducation du périnée» ou encore « le changement de la morphologie».

Viennent ensuite des préoccupations plus psychologiques tels que « les dépressions postpartum », «le baby blues» ou l’éducation à donner aux futurs enfants. « J’ai peur pour l’enfant, s’inquiète M. Lyne. Le monde dans lequel je vais le faire venir est difficile. Même avec toutes les valeurs, que je vais lui inculquer et comment il va s’en sortir ?»

Au cœur de cette problématique, la liberté de la nouvelle maman, sa capacité à gérer ou pas son nouveau rôle, de concilier activité et vie de famille. Mais très peu de femmes osent en parler à leur entourage, de peur d’être taxées de mauvaises femmes. Car la société n’accepte pas encore que les femmes puissent remettre en cause un processus quasi divinisé comme la maternité. Et parce qu’à force d’avoir tellement vu ce processus romancé, certaines ne trouvent pas leur peur légitime et préfèrent garder pour elles. Les langues se délient et les tabous tombent progressivement. Les femmes s’entraident et se préparent aux éventuelles surprises.

Parler pour se  libérer

Ces dernières années, beaucoup d’initiatives ont été mises en œuvre en faveur de la déconstruction des tabous de la maternité. Des cours de préparation à l’accouchement sont organisés par des sages-femmes. Ces professionnelles sont des alliées importantes et aguerries. Les mamans assument fièrement leurs corps postpartum et relatent leurs états émotionnels les plus sombres. Elles sont mieux informées pour faire face au travail.

Grace à la libéralisation de la parole, elles sont mieux préparées. Pour Emma O., « c’est toujours mieux d’informer pour préparer les autres aussi psychologiquement ». Myriam C. estime, quant à elle, qu’il faut en parler. « Cela peut effrayer comme soulager certaines. Pour nous qui aimons faire des recherches sur tout et n’importe quoi, c’est intéressant de lire d’autres avis », plaide-t-elle.

Les femmes comprennent les états émotionnels, qui varieront selon les contextes et les personnalités, nous explique une psychologue. Elles savent qu’elles seront confrontées à des défis de plusieurs ordres et les expériences des unes serviront de boussole aux autres, ajoute notre interlocutrice. C’est aussi une manière d’impliquer les pères, que l’on tient très souvent loin du processus. Ils apprennent, se préparent aux bouleversements et sont moins désemparés quand ils surviennent.

Parcimonie et tact

Toutefois, le risque de décourager les plus sensibles est aussi à envisager. Certaines, comme T. Touré, préfèrent tout découvrir. D’ailleurs, elle tente même de justifier le silence qui entoure la maternité : « J’ai fini par comprendre pourquoi les anciennes préféraient garder le silence pour ne pas effrayer. Parce j’ai peur de mourir, que ce soit la grossesse ou l’accouchement. Je vivais mieux quand je romançais cette expérience dans mon esprit.».

Le risque est donc grand de créer un autre stress et une autre pression chez les femmes. La solution, selon Marie T., « l’information doit être donnée progressivement en fonction de la sensibilité de la personne. Mais il faut en parler ». Evidemment, il faut en parler pour rassurer, aider et préparer. Mais avec parcimonie et tact pour ne pas décourager.


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