La ville de Gao a été le théâtre d’incidents meurtriers ce vendredi. Au moins trois personnes ont perdu la vie entre jeudi et vendredi.
À Gao, beaucoup parlent de règlement de compte opposant des jeunes issus de communautés différentes. Dans la nuit de jeudi 20 août au vendredi 21 août, des violences ont secoué la « cité des Askia ». Il s’agirait d’un règlement de compte après qu’un jeune, issu de la communauté arabe et qui serait membre d’un groupe armé signataire de l’accord pour la paix, a été brûlé vif la semaine dernière.
Selon le quotidien national L’Essor, le dimanche 16 août aux environs de 9h30, un individu armé a tenté de braquer une boutique de vente d’or, non loin de l’Assemblée régionale de Gao. Il a tiré sur un vigile qui a succombé à ses blessures, et le deuxième a répliqué touchant le malfaiteur qui tentait de fuir. Poursuivi par une foule déchainée, le jeune est battu à mort puis brulé vif. La scène a fait le tour des réseaux sociaux.
Le jeudi 20 août, en début de soirée, des jeunes armés à bord d’un pick-up ont ouvert le feu sur d’autres assis dans un « grin », à Aljannabandia, quartier de Gao. Sur le champ, deux jeunes ont rendu l’âme. Quelques temps après, un autre a succombé à ses blessures.
Des boutiques pillées
Dans la même soirée, d’autres jeunes ont pris d’assaut l’Hôpital régional de Gao où les victimes avaient été conduites. Aux environs de 22 heures, plusieurs jeunes mécontents se sont dirigés vers le marché de la ville. Sur place, des pneus sont brulés, des boutiques pillées. Des stations d’essence, magasins et boutiques ont été ciblés par représailles. Les manifestants ont érigé plusieurs barricades sur les routes principales pour manifester leur colère. Il a fallu l’intervention des Forces armées maliennes (FAMa) pour calmer la situation. Ce vendredi, les manifestations des jeunes ont repris tôt le matin.
Au marché Washington, des boutiques appartenant pour l’essentiel à des commerçants arabes, ont été de nouveau pillées. Les Forces armées maliennes et celles de l’opération Barkhane sont intervenues pour limiter les dégâts. Dans la journée, des jeunes à bord de plusieurs pick-up ont continué à tirer en ville, filmant eux-mêmes la scène. Toute la journée, les populations sont restées terrées chez elles.
Appels au calme
Le gouverneur de la région de Gao, Général Sidiki Samaké, a regroupé les acteurs de la société civile pour faire passer des messages et éviter ainsi le pire. Le chef de l’exécutif régional a déploré ce qui s’est passé en ville.
Pour Sidiki Samaké, les chefs traditionnels en s’impliquant peuvent inverser la tendance : « Gao n’a pas besoin de cette recrudescence des violences comme moyen d’expression, souligne le chef de l’exécutif régional. Il faut plutôt poursuivre les efforts de cohésion sociale pour réussir la paix au Mali.»
Treize personnes arrêtées, 17 armes récupérées
Pour un manifestant, que nous avons rencontré, chaque communauté doit jouer sa partition pour renforcer la cohésion sociale. Il dénonce l’abus des hommes en arme qui « pensent » qu’ils ont droit de vie ou de mort sur les habitants de Gao : « Nous en avons ras-le-bol. Nous avons suffisamment supporté les coups de ces personnes en arme. Il est temps que cela cesse. On nous tue chaque jour et personne n’ose parler. On ne va plus se laisser faire. Si la situation continue ainsi, nous finirons par prendre les armes pour nous défendre. C’est une question de vie ou de mort », prévient-il.
L’armée malienne s’est installée dans les points stratégiques de la ville avec un dispositif sécuritaire impressionnant. Sur son passage, elle arrête toute personne ou groupe en possession d’arme. Au moins « 17 armes » ont été récupérées au cours de la journée, et 13 personnes ont également été arrêtée. Selon l’Hôpital régional de Gao, 3 personnes ont perdu la vie. Pour l’heure, la situation est calme, mais si rien n’est fait pour rétablir l’ordre, elle peut dégénérer à tout moment.
Juste là paix à notre cher beoux pays