La plupart des femmes dans les zones rurales accouchent grâce à l’assistance d’une sage-femme traditionnelle, faute d’accès aux structures sanitaires adéquates. Elles doivent être accompagnées pour une prise en charge adéquate des grossesses.
« J’ai commencé ce travail à l’âge de quarante-et-un an. Je l’ai appris de ma mère, une sage-femme renommée dans le village », indique Kéné, une accoucheuse traditionnelle qui vit à Anakanda, une commune située dans le cercle de Bandiagara, dans la région de Mopti. Âgée de 98 ans, elle est considérée aujourd’hui comme la doyenne du village. De par son expérience, elle est sollicitée par la nouvelle génération de sages-femmes.
En milieu rural, les accoucheuses traditionnelles sont vedettes. Elles contribuent à l’amélioration de la santé maternelle et infantile. C’est un travail pénible qui demande beaucoup d’expérience et de patience. Dans le Mali profond, n’est pas sage-femme qui le veut. Ainsi, par accoucheuse traditionnelle, il faut comprendre une personne réputée dans son entourage pour l’aide qu’elle apporte aux parturientes et dont les compétences, à travers un héritage familial, sont avérées.
Manque de centre de santé
Au village, par manque de centre de santé, ce sont les accoucheuses traditionnelles qui aident les femmes à donner la vie. Le centre de santé demeure encore un luxe pour beaucoup de familles dans les zones rurales. « Si une femme enceinte commence à sentir des douleurs, on me fait appel. En la consultant, je peux tout de suite savoir si c’est une douleur passagère ou une vraie contraction qui peut aboutir à l’accouchement », confie la vieille Kéné.
Ramata, la cinquantaine, fait partie des nombreuses femmes ayant bénéficié des services de l’accoucheuse traditionnelle : « J’ai terminé ma maternité sans être dans un centre de santé. Mes huit enfants ont tous vu le jour dans les mains de la doyenne Kéné. Je n’ai jamais connu de complications lors de mes accouchements », témoigne cette ménagère, aujourd’hui à la ménopause.
Pour une prise en charge adéquate
Ce travail, bien que nécessaire, n’est pas sans limites. De nos jours, il est souhaitable que les femmes aient une prise en charge adéquate dans les dispensaires. Mais, face à l’absence d’infrastructures sanitaires, les femmes rurales ne peuvent compter que sur les services des sages-femmes traditionnelles. Pour Yah Fané, sage-femme à la clinique Mère et enfant de Titibougou, en commune I du district de Bamako, accoucher à domicile peut causer plusieurs problèmes sanitaires à la femme : « Il est conseillé aux femmes enceintes de ne pas faire des accouchements à domicile. Sans une prise en charge adéquate d’une sage-femme qualifiée, cela peut aboutir au décès de l’enfant ou de la mère, des infections ou encore la déchirure de la vessie », explique-t-elle.
Comme elle, sa collègue Assa Sidibé, en service au centre de santé communautaire des logements sociaux « ATT-bougou », en commune 6 de Bamako, est du même avis : « Je reconnais qu’elles font un travail colossal, mais il y a toujours des risques ».
Traitement spécial
En cas d’hémorragie postpartum, les accoucheuses traditionnelles, selon elle, ne peuvent déceler les causes. « Pour les cas de déchirure périnéale, les parties molles et les débris qui restent dans le vagin, il faut un traitement spécial à travers une perfusion d’ocytocine et une révision utérine», précise-t-elle.
La contribution des sages-femmes est primordiale, qu’elles soient traditionnelles ou modernes. Aider une femme à donner la vie, ce n’est pas donné à tout le monde. Cependant, à défaut d’infrastructures sanitaires adéquates, il faut accompagner les accoucheuses traditionnelles en renforçant leurs capacités.